Antoine
a tendu la main, paume ouverte.
– Donne !
J’ai
donné. Il l’a jetée dans un tiroir.
– Là !
Une pièce de plus pour notre petit trésor de guerre. Ça s’est
bien passé au moins ?
– Oui.
– T’as
pas l’air convaincue. Fais voir !
J’ai
soupiré, mais je me suis exécutée. À quoi bon protester ? De
toute façon…
Il a
à peine jeté un coup d’œil à mon derrière, s’est penché sur
son ordi. J’en ai profité pour entreprendre de me reculotter.
– Qu’est-ce
tu fais ? Non, non… Reste comme ça, les fesses à l’air…
T’es très bien comme ça… Bon, mais on fait quoi aujourd’hui ?
T’as envie de quoi ?
Je
savais pas, moi. Je…
– Une
petite vidéo de derrière les fagots ? Oui, hein ! On a vu
la quatre… La cinq… La sept… La logique voudrait qu’on fasse
un petit tour du côté de la six maintenant, non ? Allez, la
six ! J’adore ce moment-là quand on sait pas sur quoi on va
tomber… Que tout est possible… Ah, ça y est ! Qu’est-ce
tu fais, là, à genoux sur le canapé ? Qu’est-ce tu regardes
par la fenêtre ? Ah, elle bouge ta main dans le pantalon. Et ça
y va, dis donc ! Qu’est-ce qu’il y a de si intéressant
dehors ? Un couple en train de baiser ? Non. On entend des
engins. Il doit y avoir des travaux. Oui, c’est ça. À tous les
coups. C’est ça, hein ? Tu regardes les ouvriers s’activer.
T’en as tout un cheptel. Et t’imagines… Quoi, au juste ?
Qu’ils te baisent ? Tous ? Les uns après les autres ?
Une orgie d’orgasmes ils t’offrent. Et t’en redemandes… À
moins que tu aies sélectionné. Oui. Plutôt ça. Tu les as fait
défiler nus devant toi… Tu les as longuement examinés. Leurs
fesses. Que tu as tâtées. Malaxées. Leurs queues dressées. Que tu
as prises en mains. Dont tu as vérifié l’épaisseur. Éprouvé la
consistance. Et tu as fait ton choix. Celui-là ! Entretien
d’embauche réussi. Il va avoir l’insigne honneur de te faire
jouir. Ah, ça vient ! Quand tu commences à haleter comme ça,
c’est tout près. Qu’est-ce que je disais ! Holà !
L’orgasme de luxe ! Et qui n’en finit pas ! Génial !
Non ? Tu trouves pas? Ça te fait quoi de t’entendre comme
ça ? Tu mouilles, je suis sûr ! Tu mouilles tant que tu
peux. Non ?
Je
n’avais qu’une peur, c’est qu’il veuille aller vérifier. Il
ne l’a pas fait. À mon grand soulagement. Par contre, cinq fois de
suite il a voulu se repasser la séquence. Nous la repasser. Six
fois. Sept fois.
– On
ne s’en lasse pas ! D’ailleurs tu sais ce qu’on va faire ?
On va se la rejouer cette scène. Pas ici. Pas maintenant. Mais on va
se la rejouer. Je m’occupe dans la semaine de nous trouver un site
approprié. Bon, mais c’est pas tout ça ! Les vacances
approchent à grands pas. Vous allez faire quoi avec Laurent ?
– On
n’a pas encore décidé.
– Et
si on partait tous les trois ?
– Hein ?
Mais…
– Ce
serait génial, non ?
– Écoute,
Antoine…
– J’écoute
rien du tout… Je connais un camping en Bretagne où on serait comme
des coqs en pâte. Tennis, piscine, golf. Il y a tout ce qu’il
faut. On s’éclaterait, Laurent et moi. Et toi, de ton côté, tu
serais royale. T’aurais les coudées franches. Tu pourrais aller
passer tes après-midis sur la plage à faire provision d’images de
beaux mecs. Que tu ramènerais sous la tente. Dont tu pourrais faire
ton miel tout à loisir. Je m’occuperais de Laurent, moi, pendant
ce temps-là. Mais si, allez ! Demain je dois le voir Laurent.
Je lui en parle. Toi, t’auras juste à appuyer derrière. C’est
ton intérêt n’importe comment. Et sur tous les plans.
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