Il
m’a ouvert la portière, fait monter, s’est installé au volant.
– Où
tu m’emmènes ?
– Là
où tu vas pouvoir te rincer l’œil tout ton saoul. Parce que, si
j’en juge par la dernière vidéo qu’on a regardée ensemble,
c’est une activité que tu prises tout particulièrement.
– Écoute,
Antoine…
– Oui ?
– Non.
Rien.
– Comme
tu voudras. Ah, oui, à propos, Laurent m’a dit qu’il t’avait
parlé pour la Bretagne et que, contrairement à ce qu’il
craignait, tu n’avais pas soulevé d’objections particulières.
Mais ça, j’en étais sûr.
– Avec
l’épée de Damoclès que tu me maintiens en permanence suspendue
au-dessus de la tête, j’avais pas vraiment le choix..
– À
qui la faute ?
– Tu
vas jouer longtemps au chat et à la souris comme ça avec moi ?
C’est quoi le but ? De m’avoir à ta merci, pieds et poings
liés ? Ça te fait jouir ?
– Pas
du tout, non. C’est d’arriver à la connaissance la plus intime
et la plus complète de toi possible. Parce que tu n’en as pas
forcément conscience, mais tu es quelqu’un d’absolument
fascinant. Quelqu’un que je rêve de découvrir, peu à peu, jusque
dans ses replis les plus secrets. Je veux avoir accès à toi. J’y
parviens en partie par l’intermédiaire de ces vidéos secrètes
que je regarde en ta compagnie, oui, bien sûr, mais c’est loin
d’être suffisant. Non, ce qu’il faut aussi, c’est te mettre
dans toutes sortes de situations qui t’obligent à te découvrir,
qui te fassent remonter, de très loin, à la surface…
– Lesquelles ?
– Tu
verras bien… Au fur et à mesure… Descends, en attendant. On est
arrivés.
Une
ruelle étroite… Un immeuble délabré…
– Monte !
Une
petite pièce dont il avait la clef. Une petite pièce avec vue sur
un terrain de rugby…
– Tu
seras aux premières loges, là… J’ai même pensé à pousser le
canapé sous la fenêtre… Tu diras que je suis pas aux petits soins
pour toi après ça ! Mais installe-toi ! Fais comme chez
toi ! Ils vont pas tarder…
Des
joueurs. En rouge. En vert. Des joueurs qui se sont rués à la
poursuite d’un ballon. Qui se jetaient les uns sur les autres. Qui
se relevaient couverts de boue.
– Ils
te plaisent pas ?
Si !
Je ne le lui ai pas dit, je ne lui ai pas répondu, mais évidemment
qu’ils me plaisaient. J’aurais été difficile. Le 8 rouge. Un
colosse, tout en muscles. Une force de la nature. Et le 6 vert. Si
fougueux. Si déterminé. Qui se lançait dans de grandes chevauchées
éperdues. Ils s’affrontaient tous les deux. Roulaient à terre. Se
relevaient. Recommençaient. C’était pour moi qu’ils
combattaient. Avec tant de hargne. Tant d’énergie. Pour m’avoir,
moi ! J’étais l’enjeu. Un enjeu pour la possession duquel
ils étaient prêts à aller jusqu’à l’extrême limite de leurs
forces. Jusqu’à l’épuisement le plus total… Pour moi !
J’ai
été tentée de… Non. Ne pas faire ce plaisir à Antoine. Ne pas
lui offrir ce spectacle. Ne pas lui donner raison.
Le 8
est resté à terre. On s’est empressé autour de lui. Il s’est
relevé. Il a jeté un coup d’œil dans ma direction et il est
retourné au combat.
Je
l’ai suivi des yeux. Lui. Que lui. Et j’ai pas pu m’empêcher…
J’ai glissé une main dans ma culotte. J’étais trempée. Je me
suis emparée de mon bouton. J’ai haleté. C’est venu. Vite. Très
vite. Ça m’a emportée. Débordée. J’ai clamé mon plaisir. À
pleins poumons.
Antoine
a rangé son portable…
– Et
voilà ! Un petit joyau de plus pour notre collection…
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