Le
lendemain, j’ai attendu son appel toute la journée. Sur des
charbons ardents. À tout tourner et retourner indéfiniment dans ma
tête. Il voulait pas coucher. Bon… C’était au moins ça. Mais
alors il voulait quoi au juste ? J’échafaudais les hypothèses
les plus folles. Je lui prêtais les intentions les plus tordues.
N'importe comment j’étais à sa merci. De quelque manière que je
retourne la question, j’en arrivais, de toute façon, toujours à
la même conclusion : il me faudrait, bon gré mal gré, en
passer par ce qu’il aurait décidé. Quoi que ce soit. Je ne
pouvais pas me permettre de courir le moindre risque. Ces vidéos
entre les mains de Laurent ? Du reste de la famille ? De je
ne sais trop qui encore ? Non… Non. Ce n’était pas même
envisageable.
Le
surlendemain, il ne s’est pas manifesté non plus. Il n’appellerait
peut-être pas. Peut-être qu’il avait changé d’idée. Qu’il
avait juste voulu me faire peur. Me donner une leçon. Que ça allait
en rester là. Tu rêves, ma pauvre Christina, tu rêves. Tu prends
tes désirs pour des réalités. Comme si c’était le genre de type
à renoncer comme ça. Non. Il jouait au chat et à la souris, oui,
plutôt. Ce qui devait follement l’amuser.
En
toute fin d’après-midi, mon téléphone a malgré tout sonné. Ce
n’était pas Antoine. C’était Damien, un Damien enjôleur.
– On
se voit quand ?
Oui,
oh ben alors ça, j’en savais rien du tout ! Pour le moment,
j’avais d’autres chats à fouetter.
Il
en est resté tout interloqué.
– Mais
qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce qui t’arrive ?
– Oh,
mais rien ! Je suis fatiguée. Et puis j’ai des soucis…
– Quel
genre ? Dis-moi !
– Écoute,
sois gentil. J’ai vraiment pas envie de ressasser tout ça…
Il
n’a pas insisté. Il a raccroché.
Damien,
c’était vraiment la dernière personne avec qui j’avais envie
d’en parler. Parce que sans lui, sans tous ces petits jeux auxquels
il a voulu qu’on se livre ensemble, elles n’auraient jamais vu le
jour ces vidéos.
Antoine
a fini par appeler. Le jeudi.
– Christina ?
C’est moi, Antoine. Ça va ?
Il
avait de ces questions !
– T’as
ta clef à portée de main, là ? Non ? Va la chercher !
Je t’attends… Là ? Ça y est ? Alors tu mets la vidéo
numéro 5. Ensemble on va se la regarder. On va bien s’amuser, tu
vas voir…
C’était
l’une de celles dans la salle de bains. Moindre mal au fond. Même
si…
Il a
attaqué d’emblée.
– J’aime
trop ça la façon dont tu te désapes. Si, c’est vrai, hein !
Parce qu’en général, pour aller à la douche, une nana elle
s’arrache tout en vrac. Elle se dépiaute. Pas toi ! Non. Toi,
tu prends tout ton temps. Un par un t’enlèves. C’est super. On
peut en profiter à fond comme ça. Ah, tes seins ! Tu sais que
je les adore ? Si, si ! Même que je me les suis mis en
fond d’écran. Pour les avoir toute la journée à portée de main.
Je passe un temps fou à les regarder. C’est comme tes fesses.
Tiens, ben les v’là justement. Le temps de poser la culotte… Tu
vas te pencher en avant et me laisser entrevoir ton petit réduit
d’amour. C’est un des moments que je préfère. Souvent j’y
fais arrêt sur image. Et j’éternise. Tout finit par arriver
n’empêche. Parce que ça fait trois ans – depuis que je te
connais, depuis que t’es en couple avec Laurent – que
j’essaie désespérément de deviner comment t’es faite sous tes
petites robes affriolantes et tes corsages envoûtants. Et ça y est.
J’y suis parvenu. Bien au-delà de mes espérances. Bon, mais on
discute… On discute… Et, pendant ce temps-là, on est entrés
dans le vif du sujet. Te v’là sous la douche. Et alors là ce que
tu vas y faire sous la douche… On le verra demain. Pas tout d’un
coup. Pas tout le même jour. Il faut savoir savourer. À petites
gorgées gourmandes.
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