Baptiste
avait à peine fini de dévaler l’escalier qu’il y a eu du bruit
à côté, chez Marco. Des pas. Quelque chose est tombé. Chez
Marco ? Mais il était pas là Marco. Il était à Oléron. Je
suis sortie sur le palier. Ça venait bien de chez lui, oui. Aucun
doute là-dessus. J’ai voulu en avoir le cœur net. J’ai sonné…
Il
m’a ouvert, hilare.
– Salut !
– Marco,
t’es là !
– Ben,
oui, je suis là, oui !
– Mais
je croyais que…
– Vu
le temps qu’il faisait, valait mieux se rapatrier…
– T’es
rentré quand ?
– Hier
soir…
– Je
t’ai pas entendu…
– Mais
moi, si ! Toute la nuit je t’ai entendue. Ah, ça donnait, ça,
on peut pas dire…
– Écoute,
Marco…
– Que
j’écoute quoi ? C’est on ne peut plus clair, non ? Tu
as profité de l’absence de Martial pour te faire tirer – et
chez lui en plus – par je ne sais quel ostrogoth…
– C’est
pas si simple…
– Oh,
si, ça l’est, si ! Et tu vas lui raconter quoi quand il va
t’appeler tout à l’heure ? Qu’il t’a manqué ?
Qu’il te manque… Que t’as pensé à lui toute la nuit ?
Que t’as hâte qu’il revienne ?
– Tu
vas pas lui dire au moins ?
– Je
vais me gêner ! C’est mon meilleur pote Martial… Il a le
droit de savoir ce qui se passe chez lui quand il est pas là… À
quel genre de fille il fait confiance… Avant qu’il soit trop
tard… Que tu lui aies fait faire le grand saut dans le bébé, le
mariage ou un emprunt immobilier de trente ans…
– C’est
dégueulasse ! T’es dégueulasse…
– Retourne
pas la situation… S’il y a quelqu’un de dégueulasse ici, c’est
toi… Et personne d’autre. En attendant, c’est qui ce type ?
On peut savoir ?
– Un
copain… Tu connais pas…
– Il
te fait de l’effet en tout cas… Et il y en a d’autres ?
– Ça
va pas, non ? T’es vraiment pas bien, toi, hein, par moments…
Non. Écoute, Marco… J’ai fait une connerie… Ça peut arriver à
tout le monde… Et c’est pas pour autant que…
– Faut
que ça se paye une connerie… Toujours… D’une façon ou d’une
autre…
– Mais
pas à ce prix-là, enfin, Marco ! Pas à ce prix-là ! J’y
tiens, moi, à Martial… Plus qu’à n’importe quoi… Plus qu’à
n’importe qui… Et s’il apprend un truc pareil, c’est mort…
Jamais il passera là-dessus…
– Tu
t’en remettras… T’en trouveras un autre…
– Je
t’en supplie, Marco, me fais pas ça ! Tu peux pas me faire
ça…
– Il
y aurait bien une solution…
– Laquelle ?
– Une
bonne fessée… Pour te faire passer à tout jamais l’envie de
recommencer… Une bonne fessée et il saura rien Martial…
– T’es
fou ! T’es complètement fou !
Et
j’ai claqué la porte comme une furieuse.
– Ah,
tiens, t’es revenue ?
– Oui…
Écoute…
– Non…
J’écoute rien du tout… Non… Tu vas encore essayer de noyer le
poisson… Alors ou tu te déculottes ou, dans le quart d’heure qui
vient, Martial est au courant…
– Que
je me… !
– Déculotte,
oui ! Ça se donne cul nu une fessée, que je sache !
Allons ! Sois raisonnable… C’est dans ton intérêt…
– Eh,
ben dis donc, c’est pas trop tôt ! T’en as mis un temps !
Tu faisais pas tant d’histoires cette nuit pour te mettre toute la
panoplie à l’air devant l’autre imbécile, hein ! Bon, mais
tu sais que c’est très impoli de me tourner le dos, comme ça ?
Regarde-moi au moins quand je te parle… Là ! Et enlève-moi
ce haut ! Que j’aie le panorama complet… Ah, mais si !
Si ! À ta place, moi, je jouerais pas trop… T’es pas en
situation de le faire… Voilà… Comme ça, c’est parfait… T’es
sacrément bien foutue n’empêche… On se lasse pas de te
regarder… Si, c’est vrai, hein ! Attends ! Tourne-toi
encore ! Dans l’autre sens maintenant… Qu’est-ce qu’il y
a ?
– Finissons-en,
Marco ! Donne-la-moi cette fessée et puis basta…
– T’es
bien pressée ! Faut savoir prendre son temps dans la vie…
Profiter à plein des bons moments… Et celui-là, c’en est un…
En tout cas pour moi… Allez, assieds-toi ! On va d’abord
discuter un peu tous les deux… Je suis sûr qu’on a plein de
choses à se dire…
(à
suivre)
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