L’idiote !
L’idiote de base ! Non, mais comment j’ai fait mon compte ?
Comment ?
Parce
que… On était sur le perron de mes beaux-parents. Tout le monde
était en train de se dire au revoir…
– Et
encore Joyeux Noël, hein !
– Oui…
Soyez prudents ! Roulez doucement…
Antoine
est revenu sur ses pas.
– J’oubliais…
Pour le film dont on parlé tous les deux à table tout à l’heure,
tu veux que je te le copie ?
Bien
sûr que je voulais ! Bien sûr ! Depuis le temps que
j’avais envie de le voir ce film…
– Attends !
Je dois avoir une USB qui traîne quelque part au fond de mon sac.
Oui, tiens, la voilà !
Je
la lui ai tendue. Il l’a enfouie dans sa poche.
– Je
te rapporte ça la semaine prochaine. On se retrouve tous pour le
Nouvel An n’importe comment.
Dans
la voiture, un doute m’a brusquement assaillie. « L’autre »
clef, est-ce que je l’avais bien remise dans sa cachette, derrière
la poutre au grenier ? Normalement, oui : c’était la
première chose que je faisais, systématiquement, quand je rentrais
de chez Damien. Sauf que là, il y avait eu ce livreur arrivé en
même temps que moi. Ce colis que j’avais aussitôt déballé. Ce
nouveau démodulateur que je m’étais empressée d’installer…
Et après ? J’y étais montée au grenier ou pas ?
Impossible de me rappeler. J’ai plongé la main dans mon sac.
Farfouillé. S’il y en avait une de clef, c’était que… Il y en
avait une. Pas de panique, Christina ! Pas de panique ! On
respire à fond et on réfléchit. Réfléchir ? À quoi ?
C’était tout réfléchi. Il y avait une chance sur deux qu’Antoine
soit parti avec « ma » clef. Et puis voilà… Si c’était
le cas… Si c’était le cas, c’était l’horreur
absolue…D’abord savoir. Être sûre. Vérifier. Après on
aviserait. Et mon imbécile de mari qui se traînait sur la route !
À croire qu’il le faisait exprès…
– Bon,
alors t’avances, oui ! J’ai plein de trucs à faire, moi !
– Oh,
on se calme ! On se calme. On est en vacances, non ?
Aussitôt
rentrée à la maison, je me suis précipitée sur l’ordi. Le cœur
battant, j’ai introduit la clef dans le port USB. Elle était
vierge. Bon, ben voilà ! T’as gagné le gros lot, ma pauvre
Christina ! Et maintenant ? Maintenant le mieux, c’était
peut-être encore de l’appeler Antoine. Oui, mais pour lui dire
quoi ? Que je m’étais trompée, que la clef que je lui avais
remise par erreur contenait des vidéos personnelles très très
intimes et que je lui demandais de bien vouloir me la restituer au
plus vite ? Ben, voyons ! Et il allait faire quoi ? Se
précipiter pour aller voir de quoi il retournait. N’importe quel
mec, dans une situation comme celle-là, il saute sur l’occasion.
Et il se dépêche de faire une copie pour pouvoir, par la suite,
profiter du spectacle tout à loisir. Non. C’était une très
mauvaise idée. C’était lui mettre moi-même le nez dessus alors
qu’il y avait quand même une chance, fût-elle infime, pour qu’il
ne se rende compte de rien. Parce que ces vidéos je m’étais
contentée de les numéroter de 1 à 11. Sans la moindre indication
sur leur contenu. Est-ce qu’il aurait la curiosité d’aller voir
de quoi il s’agissait ? Pas forcément. Et même, probablement
pas. Parce que, pour lui, cette clef je la lui avais remise en toute
connaissance de cause… En sachant pertinemment qu’il s’y
trouvait déjà quelque chose. Il en conclurait donc que ce quelque
chose ne présentait guère d’intérêt. Inutile d’aller perdre
son temps à regarder un chien courir sur une plage ou mon mari laver
la voiture. Oui. Ne pas bouger. Attendre. Faire la morte. Et croiser
les doigts…
J’ai
passé une semaine épouvantable. Je me réveillais en sursaut dix
fois par nuit. Je voguais de cauchemar en cauchemar : il les
regardait Antoine. Il s’en délectait. Finissait par en parler à
sa sœur Chloé : « Tu sais quoi ? Christina… On
lui donnerait le Bon Dieu sans confession, hein, à la voir comme
ça ! Oui, ben t’as qu’à y croire… Si tu savais ! »
Et il finissait par les lui montrer. Ils en faisaient des gorges
chaudes tous les deux « J’y crois pas! Christina ! Avec
son petit air de Sainte-Nitouche. Ah, non. Faut absolument que je
raconte ça à Benoît. Il va être édifié ! » Benoît,
son mari, qui, à son tour, en parlait à son frère, à Laurent, le
mien de mari. Et alors là ! Là !
J'adore déjà. Et quelle chance, il reste 14 épisodes. Merci !
RépondreSupprimerOui, malheureusement, c'est un récit que j'ai abandonné en cours de route, mais que je reprendrai dès que j'aurai mis un point final à "Mémoires d'une fesseuse"
RépondreSupprimerMoi, je suis sérievore, alors là, c'est super.
RépondreSupprimerVotre enthousiasme donne très envie de le reprendre là où je l'avais laissé. Ce sera fait, promis.
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