– Vous
l’avez retirée alors votre plainte maintenant ?
– Pas
encore, non… Et je ne le ferai pas tant que je ne me serai pas
intégralement remboursée…
– Ce
sera quand ?
– Si
j’ampute, chaque mois, le salaire de l’une et de l’autre de 500
euros, dans quatre mois vous êtes quittes…
– 500
euros ! Va pas nous rester grand-chose !
– Vous
n’aurez qu’à vous restreindre un peu sur les fringues, le
maquillage et autres fantaisies…
– Même !
Il y a tout le reste à payer… La bouffe… Le loyer…
L’électricité… J’y arriverai jamais, moi ! C’est pas
possible…
– Ni
moi non plus !
– Je
veux bien me montrer conciliante… 250 euros… Sur huit mois…
Mais avec une bonne petite fessée à la clef, à chaque échéance…
– Oh,
non ! Pas encore la fessée !
– C’est
à prendre ou à laisser… À vous de voir…
– Pour
ce que vous nous avez dit hier…
– Oui ?
– On
préfère quand même les 250 euros… Seulement… S’il vous
plaît, vous taperez pas trop fort, hein ? Pas comme la dernière
fois… Et le lundi vous nous le ferez plutôt…
– Le
lundi ? Pourquoi le lundi ?
– Que
ça ait le temps de disparaître avant le vendredi soir… Parce que
le week-end on sort… Et que lever un mec quand on a les fesses
toutes rouges, c’est pas possible… Ce serait trop la honte…
– Vous
vous croyez vraiment en situation d’imposer vos conditions ?
– Ben,
non, mais…
– Eh,
bien alors ! Je taperai aussi fort que cela me paraîtra
nécessaire et au moment où moi, je l’aurai décidé… Est-ce que
c’est clair ?
– Oui…
– Bon…
Mais si vous me racontiez un peu toutes les deux… C’est souvent ?
– Quoi
donc ?
– Que
vous vous ramenez un mec – comme vous dites – le
vendredi soir…
– Ah…
Oh, encore assez, oui… Et pas seulement le vendredi… Le samedi
aussi des fois un autre… Ça dépend de ce qu’il y a sur le
marché… Mais enfin faut bien reconnaître que, le plus souvent, on
trouve… Ben, oui… On est jeunes, hein ! Alors si on en
profite pas maintenant…
– On
est le trente… Et on est vendredi… Ça tombe plutôt mal pour
vous…
– Ça
peut pas attendre lundi ? Oh, M’dame Robin ! S’il vous
plaît !
– Vous
vous taisez… Vous vous déshabillez… Et vite ! J’ai pas
que ça à faire… Allez ! Allez! Parce que plus vous allez
traîner et plus ça va tomber dru… Là ! Eh, ben voilà…
Vous êtes sacrément bien fichues quand même toutes les deux… Pas
étonnant qu’on vous tourne autant autour…
– Les
plus punis, ça va être les garçons, hein ! Et c’est pas
juste… Parce que c’est pas de leur faute tout ça… Ils y sont
pour rien…
– Bon…
Pour cette fois…
– Vous
allez passer l’éponge… Chouette !
– Certainement
pas, non ! Il n’en est pas question… Non… On va couper la
poire en deux… Il y en a une qui va la recevoir maintenant sa
fessée et l’autre lundi matin…
– Laquelle ?
– À
vous de décider…
– Oui,
ben ça va être Camille maintenant alors !
– Et
pourquoi moi ?
– Parce
que… Qui c’est qu’a eu l’idée de lui relever les numéros de
sa carte à Madame Robin ?
– Oh,
l’autre ! Mais c’est en rigolant que j’avais dit ça… Vu
qu’elle l’avait laissée traîner… Et toi, tout de suite, t’as
sauté sur l’occasion… Qui c’est qui l’a acheté le premier
truc ?
– Oui,
oh, tu parles ! Un CD à 15 euros…
– N’empêche
que c’est toi qu’as commencé…
– Et
que tu t’es engouffrée à fond dans la brèche… Si on faisait
les comptes…
– Eh
bien ?
– Deux
fois plus que moi t’en as piqué, je suis sûre…
– Oui,
oh, alors là, je suis bien tranquille… Si on vérifiait…
– Oh,
mais c’est quand tu veux…
– J’apprends
tout un tas de choses très intéressantes, dites donc, là, les
filles ! C’est passionnant… Mais faudrait quand même que
vous vous décidiez… Sinon c’est toutes les deux que vous allez y
attraper maintenant…
– Ce
serait idiot…
– Je
te le fais pas dire…
– On
tire au sort ?
– Allez !
Pile, c’est toi… Face, c’est moi… Pile !
– Évidemment,
fallait s’y attendre !
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