Je
m’étais attendue à pire. À bien pire. Mais s’il devait se
contenter de commenter comme ça mes vidéos par téléphone,
j’allais m’en tirer à bon compte finalement. Surtout que rien ne
m’obligeait à les regarder en sa compagnie : l’essentiel,
c’était qu’il soit persuadé que je le faisais ! Ni à
l’écouter délirer : il me suffisait de laisser traîner une
oreille distraite, au cas où il aurait sollicité une réaction de
ma part, et de faire autre chose pendant ce temps-là.
Je
ne me faisais pas d’illusions : ce serait quand même une
épreuve. Le savoir penché, comme ça, en permanence, sur ce que
j’avais de plus intime, sur ce qui n’aurait jamais dû appartenir
qu’à moi et, dans une moindre mesure, à Damien ! Imaginer
qu’il s’en repaissait goulûment et peut-être – sûrement –
s’en servait pour se donner du plaisir. Mais le moyen de l’en
empêcher ? Et à qui la faute ? Si je ne m’étais pas
montrée aussi inconséquente aussi ! Si je ne lui avais pas
tendu moi-même les cordes pour me faire battre…
Il
m’a laissée un peu plus d’une semaine sans nouvelles. Ce qui ne
m’a pas surprise outre mesure. Ça faisait, à l’évidence,
partie de sa « stratégie ». Dans quel but au juste ?
Je n’ai pas cherché à approfondir vraiment la question. Ça ne
changeait de toute façon pas grand chose à la situation…
Et
puis, un matin…
– C’est
moi !
Ben
oui… J’avais reconnu sa voix, oui !
– Je
suis devant ta porte. Tu viens m’ouvrir ?
Devant
ma porte ? Qu’est-ce que ? Ah, mais ça changeait tout,
ça !
Il
arborait un large sourire…
– Oui,
parce que j’ai pensé… Ce serait quand même nettement plus sympa
de regarder tout ça ensemble. Côte à côte. Non, tu trouves pas ?
Je
trouvais pas, non.
– Est-ce
que j’ai le choix ?
– Pas
vraiment, non.
Je
n’ai pas cherché à discuter. À quoi bon ? Il était en
position de force. Il me tenait. Inutile de lui offrir le plaisir de
m’infliger une nouvelle défaite.
Et
je me suis assise à l’ordi. Je l’ai allumé.
– Ben,
vas-y ! Lance ! Qu’est-ce t’attends ?
Les
première images – celles qu’il avait déjà commentées –
il les a regardées, debout derrière moi.
– T’as
vraiment un corps de rêve, hein !
À
l’écran, j’entrais sous la douche.
– Dont
tu es amoureuse… Comme je comprends ça !
Je
m’asseyais, m’installais confortablement et me ciblais aussitôt,
sans attendre, avec le jet.
Il a
ri…
– Ça
pressait, dis donc !
C’était
vrai. Ça pressait ce jour-là. À cause de ce qui s’était passé
au boulot avec Romain. J’avais envie. Une envie folle. En pensant à
lui.
Il a
encore ri…
– Oui,
mets-le bien à fond le jet… T’en profiteras mieux…
Quel
spectacle je lui offrais ! Non, mais quel spectacle ! Une
obsédée ! Une véritable obsédée… Ouverte… Cabrée…
Obscène…
– Ça
y est ! Ça vient… Ça perd pas de temps en tout cas avec toi,
ah, on peut pas dire ! C’est toujours comme ça ? À
toute allure ? J’adore ces petits cris que tu pousses… On
dirait une bête blessée… Et puis tes yeux quand ça te submerge
comme ça… Je m’en lasse pas… Finalement tant qu’on l’a pas
vue jouir, on connaît pas vraiment une femme, hein !
Il
m’a posé une main sur l’épaule…
– Tu
sais ce qu’on pourrait faire la prochaine fois ? La même
chose en live… En réel… Dans ta salle de bains… Ce serait
génial, non ?
– Il
n’en est pas question…
– Allons,
Christina, allons ! Tu sais bien que tu n’es pas en position
de me refuser quoi que ce soit…
Et
sa main s’est appesantie un peu plus fort sur mon épaule…
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