On
menait notre vie chacune de notre côté, tout en passant, malgré
tout, beaucoup de temps ensemble. On s’attardait souvent, le soir,
à discuter un peu à table. Et, le matin, on partageait la salle de
bains.
– Vu
le temps qu’on y reste, toi comme moi, si on doit attendre que
l’autre ait fini, on n’est pas sorties de l’auberge.
On y
bavardait sans relâche en se préparant.
Côté
mecs, moi, il y avait eu très brièvement Loïc. Un feu de paille.
Il ne savait pas ce qu’il voulait. Et il y avait Philibert. Avec
qui j’adorais sortir et discuter, mais avec qui il ne se passait
strictement rien. Il était homo jusqu’aux yeux.
Elle,
elle ramenait de temps à autre quelqu’un. Jamais le même. Avec
qui elle allait aussitôt s’enfermer dans sa chambre. Elle n’en
parlait pas. Elle haussait les épaules.
– Ils
n’en valent pas la peine. C’est juste des coups comme ça.
Et
puis il y a eu cette nuit-là.
Une
voix de femme, cassante, impérieuse. Qui m’a réveillée en
sursaut. Ça venait de sa chambre, à côté.
– Je
t’avais prévenue. Je t’avais pas prévenue ?
Et
celle de Marie-Clémence. Suppliante.
– Mais
si ! Seulement…
– Seulement
quoi ? Qu’est-ce que tu vas encore inventer comme excuse
bidon ?
– Rien.
Mais me le fais pas ! S’il te plaît, me le fais pas !
– Oui,
ben alors ça, c’est ce qu’on va voir !
– Elle
va entendre à côté.
– Si
tu savais ce que je m’en fous !
Le
silence. Un long silence. Et puis des claques. Une multitude de
claques. Sonores. Déterminées. À plein régime.
J’écoutais.
J’écoutais de tout mon être. Interloquée. Sidérée.
Marie-Clémence se prenait une fessée. Et ça faisait pas semblant.
C’était quoi, cette histoire ? C’était qui, cette femme ?
Et elle ne se défendait pas. Pas vraiment. Elle se laissait faire.
Pourquoi ? Parce qu'elle avait barre sur elle ?
Pourquoi ? Comment ?
À
côté, ça a marqué un temps d’arrêt.
– Tu
le feras plus ?
– Je
te promets.
– Comme
si j’allais te croire…
Et
c’est reparti de plus belle. Marie-Clémence a gémi. Elle a crié.
Elle a hurlé. Ça a été interminable. Et ça s’est arrêté.
D’un coup.
– Là !
C’est tout pour aujourd’hui. Je te laisse. Je te laisse
réfléchir.
La
porte de la chambre. Puis celle du dehors.
Je
suis restée longtemps sans dormir, les mains croisées sous la
nuque. Trop de choses. Trop de questions sans réponses. Sur ce qui
venait de se passer. Sur elle. Sur moi. Sur le trouble étrange que
je ne pouvais m’empêcher de ressentir. À côté, elle reniflait.
Des petits reniflements, par saccades, auxquels sont bientôt venus
se mêler des gémissements ténus, des plaintes étouffées :
elle se donnait du plaisir.
Le
lendemain matin, elle ne s’est pas levée.
Je
suis allée entrebâiller la porte de sa chambre. J’ai allumé.
Elle dormait sur le ventre, nue. Ses fesses étaient rouge tuméfié.
Sur toute leur surface.
– Marie-Clémence, tu vas être en retard
Elle
a précipitamment ramené la couverture sur elle.
– J’y
vais pas ce matin. Je reste là.
(à
suivre)
Ho non je file lire le 3, je n'attends pas demain moi...
RépondreSupprimerÇa prend tournure, non?
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