J’ai
dû me rendre rapidement à l’évidence : la fessée de
Marie-Clémence avait déclenché quelque chose en moi. D’étrange,
d’inhabituel et d’inquiétant. J’étais en effet désormais
régulièrement assaillie par des images de fessiers meurtris, de
croupes se tortillant, impuissantes, sous les claquées. Je me suis
d’abord rageusement débattue contre elles. Ça ne me ressemblait
pas. Ce n’était pas moi, tout ça. Mais j’avais beau les
repousser avec horreur, les chasser avec la dernière énergie, elles
ne désarmaient pas. Elles ne s’en montraient, au contraire, que
plus déterminées à m’habiter.
Je
m’en suis ouverte à Philibert. Je me sentais d’autant plus en
confiance avec lui que, sexuellement, il n’était pas le moins du
monde attiré par les femmes. Je n’avais donc pas à redouter que
ses réactions ne soient pétries d’arrière-pensées intéressées.
– Tu
te rends compte, Phil ? De plus en plus souvent ça m’attrape.
D’où ça peut venir ?
– Ben,
de ce qu’il y a eu avec ta coloc, là. Ça te fait remonter plein
de trucs d’avant.
– Mais
quels trucs ?
– T’en
as jamais reçu des fessées quand t’étais petite ?
– Jamais,
non.
– T’en
as jamais vu non plus ?
– Mais
non ! Je me rappellerais, quand même !
– De
films peut-être alors. Ou de livres. Qui t’ont marquée sans que
tu t’en rendes compte.
– Je
vois pas.
– Qu’est-ce
ça peut faire n’importe comment d’où ça vient ? Ça n’a
pas d’importance. Va pas te prendre le chou. D’autant que les
fantasmes, ça n’a jamais fait de mal à personne. C’est une
affaire entre toi et toi.
Il
avait raison. Évidemment qu’il avait raison. Et j’ai cessé de
résister. Avec un peu d’hésitation au début. Pas mal de
réticences. Avant de m’abandonner. Complètement. Avec
délectation. De me livrer à de véritables orgies de fessées,
toutes plus voluptueuses les unes que les autres. Que je faisais
moi-même tomber sur des derrières exclusivement féminins. Ce
pouvait être partout. N’importe où. N’importe quand. Mais
c’était surtout pendant les cours. Je me choisissais secrètement
une patiente, une fille plutôt jolie, à l’apparence plutôt
effacée, et je ne la quittais plus des yeux. Je la mettais en
situation. Je me l’appropriais. Je lui inventais une histoire, une
famille, un copain. Et un lourd secret que je découvrais par hasard.
Qu’elle serait morte plutôt que de voir divulgué. Je jouais sur
du velours : son petit cul, c’est d’elle-même qu’elle
venait gentiment me l’offrir pour échapper à pire. Je ne la
ménageais pas. Je lui tambourinais allègrement le derrière. Ah, il
en coulerait de l’eau sous les ponts avant qu’elle puisse
s’asseoir. Il m’en sourdait aussi, délicieusement chaude, entre
les cuisses.
Je
m’attardais aussi aux terrasses des cafés où je jetais mon dévolu
sur un couple. Il me le fallait jeune. Elle, un peu tête à claques.
Lui, beau gosse. C’était mon mec. Il devenait mon mec. Qu’elle
essayait de me souffler, l’autre espèce de petite saloperie. En
toute connaissance de cause. Je lui tombais dessus comme une furie.
Mais c’est qu’elle me tenait tête, le pire ! Qu’elle
avait deux airs. Alors là ! Non, mais alors là ! Elle
s’en prenait une carabinée de fessée, le cul à l’air, devant
tout le monde. Qu’est-ce qu’ils pouvaient rigoler les gens
autour ! Ah, elle faisait moins la fière d’un seul coup !
Sûr qu’elle allait pas avoir envie d’y remettre le nez.
Dans
mon univers fantasmatique, Marie-Clémence occupait une place à
part. Privilégiée. À cause de ce qui s’était passé. De ce que
j’avais entendu. À quoi je faisais, de temps à autre,
indirectement allusion, d’un air faussement innocent.
– Elle
vient plus ta copine ?
Elle
rougissait, se troublait,baissait les yeux.
– Je
sais pas. J’ai pas de nouvelles.
J’enfonçais
le clou.
– Faudra
bien que je fasse sa connaissance, un jour, quand même ! Et, ce
jour-là, peut-être que…
Elle
comprenait à demi-mot.
– Oh,
non ! J’aurais bien trop honte.
– Ben,
justement ! Raison de plus.
C’était
une perspective qui me ravissait. J’y pensais. J’en rêvais. Le soir, dans mon lit, je
réentendais ses cris, le bruit des claques qui s’abattaient sur
son derrière. Je le revoyais tout rougi, le surlendemain, dans la
salle de bains. Et je m’épuisais de plaisir.
Une vocation poindrait ???
RépondreSupprimerC'est le moins qu'on puisse dire.
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