Il
vient de la déshabiller. Elle est nue. Elle attend.
– Que
Madame m’excuse, mais Monsieur exige qu’aujourd’hui Madame se
présente à lui la chatte rasée…
– Alors
ça, il n’en est pas question !
Ça
lui a échappé. Le cri du cœur.
– Est-ce
que Madame préfère que Monsieur renonce à tenir ses promesses ?
Que Madame réfléchisse ! Elle ne va quand même pas avoir
accompli tout ce chemin pour rien.
Elle
soupire. Elle hausse les épaules. Au point où elle en est !
– Alors
que Madame veuille bien me suivre ! Monsieur m’a chargé
d’œuvrer. « Je suis sûr que vous allez nous réaliser ça à
la perfection, Bastien. »
Elle
veut protester. Elle ne dit rien. À quoi bon ? Il lui faudra de
toute façon inéluctablement en passer par là. Et elle le suit.
– Que
Madame veuille bien s’allonger là !
Elle
obtempère. Elle ferme les yeux.
Il
l’enmousse généreusement. Sur toute la surface.
– Si
je puis me permettre, je crois que Madame ne sait décidément pas
s’y prendre avec Monsieur.
Elle
rouvre les yeux. Il est penché sur elle, attentif, absorbé.
Il
précise.
– Quand
Monsieur conseille, il s’agit, en réalité, d’un ordre. Madame
aurait incontestablement dû choisir de se laisser fesser par Victor.
Monsieur n’a guère apprécié. « Après tout ce que j’ai
fait pour elle, Bastien ! Les femmes sont d’une
ingratitude ! » Que Madame s’attende donc à ce que
Monsieur se montre aujourd’hui très exigeant avec elle.
– C’est-à-dire ?
Il
ne répond pas. Ses gestes sont précis et sûrs. D’une main il
étire la peau entre le pouce et l’index, de l’autre, il rase.
Il
se recule, satisfait.
– Là !
Ça va très bien à Madame. Vraiment très très bien. Monsieur sera
content. Il va beaucoup apprécier.
Il
la précède dans le couloir, se retourne, tarde à frapper.
– Monsieur
a en tout cas incontestablement raison. Madame est vraiment très
bien foutue.
Il
s’incline.
– Si
Madame veut se donner la peine d’entrer.
Monsieur
la contemple. Longuement.
– Bastien
est un véritable artiste.
La
fait passer à côté. Asseoir.
– Vous
ne m’avez toujours pas dit. C’est quoi ces rêves que vous tenez
tant à le voir réaliser votre ami ?
– Ce
sont les siens et je n’ai pas le droit de…
– Vous
êtes sûre qu’ils tiennent vraiment la route au moins ?
– Je
ne sais pas. C’est un domaine que je ne connais pas. Mais ce n’est
pas ça l’essentiel. L’essentiel c’est que ses rêves le
portent. C’est qu’ils soient sa raison de vivre. C’est que rien
d’autre ne compte pour lui.
– Et
vous êtes sûre qu’ils nécessitent des sommes aussi
considérables ? Qu’il ne les utilise pas pour autre chose ?
Pour faire la fête avec ses copains par exemple ?
Elle
le regarde droit dans les yeux.
– Je
suis prête à en prendre le risque.
Il
sourit.
– Il
baise bien au moins ?
Il
sonne. Jeanne apporte le thé. Dépose le plateau entre eux sur la
petite table basse.
– Asseyez-vous,
Jeanne ! Aujourd’hui, c’est notre invitée qui va faire le
service. Elle vous doit bien ça. Après la façon tout-à-fait
remarquable dont vous vous êtes occupée d’elle l’autre jour. Eh
bien ? Qu’est-ce que vous attendez, vous ?
Elle
se lève. Elle le sert, lui d’abord. Et puis elle, Jeanne.
– Mets-moi
un peu de lait !
Pendant
qu’elle le verse, Jeanne lui envoie une grande claque sur les
fesses. Qui la fait sursauter. Quelques gouttes se répandent dans la
soucoupe.
– Tu
peux pas faire attention, non ?
Monsieur
rit. De bon cœur.
– Jeanne
semble avoir très envie de vous en remettre une couche ! Il
faut dire que la correction qu’elle vous a infligée l’autre jour
l’avait considérablement émoustillée et que ses ébats avec
Enrique, la nuit suivante, ont fait trembler les murs de la villa.
Mais peut-être souhaiteriez-vous tester d’autres mains que les
siennes ? Celles de Victor par exemple, non ?
Elle
ne sait pas. Elle…
– Mais
oui ! Celles de Victor… Vous ne le regretterez pas, vous
verrez ! Emmenez-la, Jeanne ! Allez vous occuper tous les
deux d’elle. Moi, j’ai à faire.
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