Désormais
elle se levait le matin. Tous les matins. Dès la première sonnerie.
Sans qu’il me soit jamais besoin d’intervenir.
– Tu
vois quand tu veux…
Et
ce n’était pas tout. Elle prenait grand soin de tenir
l’appartement en ordre, de veiller à ce que le frigo soit plein.
D’une manière générale, elle faisait en sorte de ne pas me
causer le moindre déplaisir. De quelque nature qu’il soit.
Par
ailleurs, ses résultats universitaires s’étaient, quant à eux,
améliorés de façon spectaculaire.
– Comme
quoi une fessée, si elle est administrée à bon escient, peut se
révéler particulièrement efficace. Et irradier dans toutes sortes
de domaines.
Je
ne manquais pas une occasion de lui faire remarquer qu’elle avait
impérativement besoin de ça.
– De
quelqu’un qui t’ait bien en mains. Qui t’impose sa loi. Et ce,
dans ton intérêt.
J’enfonçais
le clou.
– Il
y a eu Vanessa. Peut-être d’autres avant. Sûrement même. Et
maintenant, tu m’as, moi. T’as sacrément de la chance, avoue !
Elle
l’admettait sans sourciller.
– C’est
vrai ! Je te remercierai jamais assez.
Qu’elle
ait changé aussi radicalement de comportement, sur tous les plans,
ne faisait pas vraiment mon affaire. Maintenant, en effet, que
j’avais goûté au plaisir subtil de donner des fessées, je
n’avais plus qu’une idée en tête : recommencer. Ça
m’obsédait. J’aurais bien évidemment pu chercher la petite
bête, inventer des prétextes quelconques, faire preuve de la
mauvaise foi la plus éhontée pour arriver à mes fins et lui
tambouriner le derrière. Mais non. Non. C’était de vraies raisons
qu’il me fallait. Que ce soit une VRAIE punition. Mon plaisir, j’en
avais parfaitement conscience, était à ce prix. J’attendais donc
mon heure. Qui ne venait pas. Elle demeurait désespérément
irréprochable.
J’ai
abordé le sujet avec elle, un soir que nous étions en veine de
confidences toutes les deux.
– C’est
une véritable métamorphose, toi, dis donc !
– Ben,
oui ! J’ai intérêt. Je sais ce qui m’attend sinon.
– Ça
te fait si peur que ça ?
– C’est
surtout que ça fait mal.
– Et
honte.
– Encore
plus, oui.
– Tu
m’as dit un jour que t’aimais ça, pourtant, avoir honte.
– Oui.
Enfin, non. C’est pas vraiment que j’aime avoir honte, c’est
que j’aime sentir que j’ai honte. Avoir honte d’avoir honte, en
fait, dans un sens.
Elle
a soupiré.
C’est
encore bien plus compliqué que ça, mais je sais pas expliquer.
– Essaie
quand même !
– Ou
peut-être que c’est pas vraiment clair dans ma tête.
Elle
a marqué un long temps d’arrêt.
– Une
fessée, ça me fait honte, mais ce qui me fait encore plus honte,
c’est de tout faire pour ne pas l’avoir. D’être prête à tout
accepter pour ça.
– À
dépendre entièrement de la volonté de quelqu’un d’autre en
somme. De son désir. Ou de ce que tu supposes être son désir. Ce
que, depuis des semaines maintenant, tu fais avec moi.
– Oui.
– Pour
ta plus grande honte. Et ton plus grand plaisir.
Elle
n’a pas répondu. Elle a, très vite, croisé mon regard. Baissé
aussitôt les yeux.
Je
me suis levée. Je suis passée derrière elle. J’ai posé mes
mains sur ses épaules.
– Peut-être
bien que ça mériterait une bonne leçon, ça…
Elle
a imperceptiblement frissonné.
– Donnée,
de préférence, devant du monde. Ce n’en serait que plus efficace.
– Oh,
non ! Qui ?
– Tu
verras bien qui. Et quand. Il y a rien qui presse. On a tout notre
temps. Allez, va vite te coucher maintenant. T’as une dure journée
demain.
À
côté, dans sa chambre, elle a eu un plaisir comme jamais. Et encore
dans la nuit.
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