10 août
– Il
y a longtemps que t’es réveillée ?
– J’ai
pas fait attention… Une heure… Peut-être deux…
– Et
tu pensais à quoi ? À tout ce que t’as encore à me
raconter ?
– Oh,
il y en a pas tant que ça…
– Question
de point de vue… Allez, vas-y ! Vide ton sac ! Tu te
sentiras mieux après, tu verras…
– C’est
pas facile, Gilles… Aide-moi !
– Que
je t’aide ? C’est-à-dire ? Que je te lance sur une
piste… C’est ça que tu veux, hein ? Histoire d’être sûre
que tu ne me révèles que ce que je sais déjà… Eh, non, ma
chère… Non… C’est trop facile… Cette fois l’artiste
travaille sans filet…
– Mais
je sais pas, moi ! Comment tu veux ?
– C’est
bien ce que je disais… Il y en a tellement que tu sais pas par quel
bout commencer…
– Mais
pas du tout, Gilles, enfin ! Pas du tout ! Bon… Mais ma
copine Andrea… Tu te rappelles bien Andrea quand même ? On
était à son mariage… Rémi il s’appelait lui…
– Peut-être…
Ça remonte loin…
– Oh,
oui… Un an après le nôtre de mariage c’était…
– Et
alors ?
– Et
alors il m’est tombé dessus la veille de la cérémonie… À la
déclaration en règle j’ai eu droit… Qu’il m’aimait comme un
fou… Qu’il n’avait jamais aimé que moi… Que s’il y avait
eu quelque chose entre Andrea et lui, c’était parce qu’on était
amies toutes les deux… Que ça lui permettait de me voir… De me
parler… Mais qu’il suffirait d’un mot de moi pour qu’il
annule tout…
– Ah !
Et t’as répondu quoi à ça ?
– Qu’il
s’imaginait qu’il m’aimait, mais qu’en réalité… Il m’a
juré que si… Il m’aimait… Il m’adorait… Il s’est jeté à
mes genoux… Il me les a embrassés… Il m’a suppliée…
– Et
t’es sortie comment de ce guêpier ?
– J’étais
mariée… Je n’avais pas la moindre intention de te quitter… Et
puis Andrea l’aimait… Est-ce qu’il imaginait une seule seconde
que je pourrais faire un truc pareil à ma meilleure copine ?
– Je
reconnais bien là ton haut sens moral…
– Fiche-toi
bien de moi…
– Et
donc ? Ce Rémi ?
– Il
a fini par partir… Complètement effondré…
– Et
s’est, au bout du compte, montré raisonnable… Le lendemain, il
était marié…
– Raisonnable…
Si on veut…
– Parce
que ?
– Tu
te rappelles où il avait lieu le mariage ?
– Vaguement…
Un château avec un parc immense…
– Plein
de recoins… De bosquets… De labyrinthes… Oui… Dans
l’après-midi la tête s’est mise à me tourner… L’alcool…
Le bruit… J’ai voulu m’isoler un peu… Il y avait un écrin de
verdure… Avec un banc… Je m’y suis réfugiée… Je n’y étais
pas depuis cinq minutes qu’il a surgi… Qu’il s’est assis à
mes côtés… Et qu’il a fondu en larmes… Il faisait pitié…
Vraiment…
– Si
bien que tu t’es dévouée pour lui offrir un peu de réconfort…
C’était vraiment très généreux de ta part… Et toi ?
– Quoi,
moi ?
– J’espère
que toi aussi t’y as trouvé ton compte…
– Écoute,
Gilles…
– Ben,
oui… Forcément… Se taper le mec de sa meilleure amie le jour où
elle se marie comment ça doit être excitant… Non ?
– C’était
pas ça… Tu comprends pas…
– Sans
compter qu’elle était pas loin… Qu’elle aurait pu se mettre à
le chercher… Vous tomber dessus… Ou bien moi… J’aurais pu me
demander où tu étais passée… Tu imagines ? Mais tu adores
ça jouer avec le feu… T’y prends un pied pas possible… Donc tu
dis que c’était bien… Que tu t’es éclatée…
– Hein ?
Mais j’ai jamais dit ça…
– Ah,
oui ? C’était sans plus, quoi, alors ! Décevant en
somme… C’était pourtant pas l’impression que ça donnait de là
où j’étais… Deux fois t’as joui… Une fois tout en retenue…
Du bout des lèvres… Et l’autre à fond… T’as tout lâché…
Mais peut-être que tu faisais semblant…
– T’étais
là ? C’est pas vrai que t’étais là… T’étais où ?
– Tu
n’as pas répondu à ma question…
– Non,
je faisais pas semblant… Non… Tu le sais bien… Mais t’étais
où ?
– Ça
n’a aucune espèce d’importance où j’étais… L’essentiel,
c’est que tu l’aies enfin dit… Que ce soit enfin sorti…
Depuis le temps que je l’attendais ça cet aveu-là… Il en aura
fallu des tours et des détours pour qu’enfin tu t’y résolves…
– T’es
fâché ?
Il
m’a attirée contre lui… Serrée dans ses bras…
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