mardi 10 novembre 2015

Fessées croisées2 (13)

12 Août


– Deux heures au téléphone… Et vous vous voyez cet après-midi… C’est plus de l’amour, c’est de la rage…
– Non, Gilles, non… C’est pas ça… C’était pas lui…
– Ah, oui ? C’était qui alors ? Attends ! Laisse-moi deviner ! Un type qui voulait te vendre des panneaux solaires… C’est ça, hein ?
– Te moque pas ! C’est déjà assez compliqué comme ça…
– On peut savoir ?
– Qu’est-ce que je peux être conne quand je m’y mets… J’aurais dû lui raccrocher au nez… Et puis voilà…
– C’était Enzo, hein ?
– Comment tu le sais ?
– Enzo que sa Nathalie vient de plaquer…
– Pour de bon cette fois…
– Oui, oh, alors ça !
– Je voulais pas, hein, mais comment il sait y faire ce salaud ! Il m’a complètement entortillée…
– Et comme t’adores te laisser entortiller…
– Mais non, mais… Je sais pas comment je me débrouille, mais à l’arrivée tout tourne toujours comme je voudrais pas…
– Comme t’essaies de te faire croire que tu voudrais pas… Et donc, vous allez vous revoir…
– Je lui ai pas dit oui…
– Tu lui as pas dit non non plus…
– Je crois pas que j’irai finalement…
– Parce que ?
– Parce qu’il se fout de moi… S’il croit qu’il va lui suffire de claquer des doigts… C’est pas parce que sa chieuse l’a plaquée…
– Vas-y ! Vas-y ! Casse-lui du sucre sur le dos… Défoule-toi ! Ça te fera du bien… T’iras le retrouver, après, dans de bien meilleures dispositions…
– Je t’assure, Gilles…
– Te voile pas la face… T’en crèves d’envie… Par contre, tu vas organiser ton emploi du temps comment ? Enzo le matin et le petit nouveau l’après-midi ? Il va plus te rester beaucoup de place pour moi, dis donc !
– Tu sais bien que si ! C’est toi l’essentiel… C’est avec toi que j’ai envie d’être… C’est vers toi que je reviens… Toujours…

– Eh ben dis donc !
– Oui… Hou la la… Comment c’était bon… C’est de la folie… Pour toi aussi, Gilles ?
– Ça se voyait pas ?
– Si ! Si ! Bien sûr… Et pas qu’un peu… N’empêche qu’il y a des trucs, j’ai du mal à les comprendre…
– Quoi, par exemple ?
– Ben, les autres nanas, quand elles vont voir ailleurs, c’est parce que ça va plus avec leur mari… Parce qu’il les néglige… Qu’elles sont devenues transparentes… Et moi, c’est exactement le contraire… Plus ça va bien avec toi et plus j’ai envie de vivre aussi quelque chose avec d’autres… Plus j’en rencontre d’autres et plus ça me rapproche de toi… Et donc plus… C’est sans fin… Comment t’expliques ça ?
– Est-ce qu’il faut forcément chercher à expliquer ? T’es bien comme ça… Je suis bien comme ça…
– Toi aussi ? C’est vrai ? Je me demande des fois, tu sais…
– Je suis bien… Parce que je vois que tu es bien…
– N’importe comment c’est ta faute, dans un sens, tout ça…
– Ben, voyons !
– Si ! Parce que tu sais ce que je me disais tout-à-l’heure quand je parlais avec Enzo au téléphone ? C’est que c’était vilain ce que j’étais en train de faire… Que t’allais me flanquer une fessée pour la peine… Sauf que c’était exactement l’effet inverse que ça faisait… Plus j’y pensais et plus j’avais envie que tu me la flanques… Plus j’en rêvais… Et plus je le laissais dire Enzo… Et plus j’entrais dans son jeu… Je faisais même carrément ma petite allumeuse…
– Si c’est pas un appel du pied, ça !
– Ben oui… Si ! Tu vas me la donner ?
– Je vais te la donner, oui…
– Quand ?
– C’est là-bas que tu vas le retrouver ? À l’endroit habituel… Là où l’autre jour, toi et moi…
– Sûrement, oui…
– Alors c’est là-bas que j’irai vous surprendre… Et c’est là-bas que je te la donnerai… Devant lui…
– Génial ! Trop génial ! Je lui envoie un SMS… On se voit tout-à-l’heure…
– Et l’autre ? Ton amoureux transi ?
– Il attendra… Il est pas à un jour près…

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