15 heures 30
– Tu
m’as manqué…
Le
tutoiement… D’emblée…
– Comment
j’aurais pu vous manquer ? On se connaît à peine…
– N’empêche
que c’est comme ça… Tu éclaires mes journées… Tu les
habites…
– Je
suis un trompe-l’ennui en somme… Que ce soit moi ou une autre, ça
n’a pas la moindre espèce d’importance… Du moment qu’il y a
quelqu’un à vos côtés pour vous distraire…
– Tu
sais bien que c’est pas ça…
– Non,
justement… Je sais pas…
– Promets-moi !
– Que
je vous promette ? Mais que je vous promette quoi ?
– De
ne pas me laisser, comme ça, des semaines entières sans ta
présence… Sans la moindre nouvelle…
J’ai
ri… De bon cœur…
– Des
semaines entières ? Ça fait trois jours…
– Une
éternité… Promets-moi !
– Si
tu veux…
– Merci…
Il
m’a posé la main sur le genou… Je l’y ai laissée… Trois
secondes… Dix secondes… Et puis je l’ai doucement – tout
doucement – repoussée…
– Chuuut…
– Ça
vous ennuierait qu’on aille marcher un peu ? Non, parce qu’à
force de vous attendre, comme ça, pendant des heures et des heures,
j’ai fini par attraper des fourmis dans les jambes, moi !
Ça
m’ennuyait pas, non…
Il
s’est levé… Je me suis levée…
– Vous
m’emmenez où comme ça ?
– Nulle
part… N’importe… Où ça voudra…
Ça
a voulu dans tout un tas de petites rues… Où il m’a très
doucement pris le bras… Je ne le lui ai pas retiré… Ça nous a
amenés dans un square… Déposés sur un banc, bien à l’abri,
dans un petit réduit de verdure…
– On
est bien là, hein ?
On
était bien, oui…
Il
s’est penché vers moi… A plongé ses yeux dans les miens…
– Tu
sais quoi ? J’ai une envie folle de t’embrasser…
Il a
attendu une réponse… Qui n’est pas venue…
Il a
approché ses lèvres… Plus près… Encore plus près… A
effleuré les miennes… S’en est éloigné… Est revenu… A
recommencé… Et c’est moi… Moi qui ai jeté les bras autour de
son cou… Qui l’ai attiré… Retenu… Pour un interminable
baiser…
Il
s’est détaché… M’a caressé la joue… Le cou…
– Si
tu savais comme je l’ai attendu ce moment-là ! Comme j’en
ai rêvé…
– Et
moi donc !
On
s’est souri… Encore embrassés…
– Et
maintenant ?
J’ai
haussé les épaules…
– On
le sait bien ce qui va se passer…
– Tu
as envie ?
– Très…
Mais j’ai encore plus envie qu’on se fasse un peu attendre… Le
temps d’avoir un peu plus envie encore…
19 heures
– Le
temps que les marques se soient estompées… C’est ça, hein ?
– Je
sais pas… Peut-être… J’ai du mal à savoir…
– À
savoir quoi ?
– Ce
qu’il en penserait… Comment il réagirait…
– Ça
va l’exciter… Il y a toutes les chances… Et toi avec, par la
même occasion…
– Et
si ça le choque ?
– Oui,
oh, alors là, tu sais ! L’immense majorité des hommes dans
un cas comme celui-là… Non… Ce qu’il y a… Il va vouloir
savoir, ça, c’est sûr… Connaître les tenants et les
aboutissants… Il va te poser des tas de questions…
– Qu’est-ce
que je vais lui dire ?
– Ben,
la vérité… Qu’est-ce tu veux lui dire d’autre ?
– Rien…
Rien… Seulement…
– Seulement
il va savoir que tu es très très complice avec ton petit mari… Ça
t’ennuie ?
– Oh,
non… Non… Bien sûr que non…
– Eh
bien alors ! Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes…
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