« Femme
mûre, naturellement autoritaire, hébergerait gracieusement jeune
femme d’un naturel docile. »
Je
l’ai lue et relue cette annonce… Dix fois… Vingt fois… J’ai
fermé les yeux… Et tout s’est mis une nouvelle fois en route…
Une voix d’abord… Dure… Métallique… Elle exigeait…
J’obéissais… Il lui suffisait de vouloir… Tout ce que bon lui
semblait… Elle obtenait… Et puis je lui ai donné un visage…
Hautain… Méprisant… Indéchiffrable…
J’ai
recommencé… Le lendemain… Le surlendemain… Les jours d’après…
Elle prenait de plus en plus d’assurance… Elle imposait… Elle
s’imposait… J’aimais… Tellement…
Et
si ? L’annonce ? Si ? En vrai ?
– Non,
mais ça va pas ! T’es complètement folle, ma pauvre fille…
Faut te faire soigner…
– Ben
pourquoi ?
– Parce
que…
– La
réalité t’a toujours fait peur… T’es incapable de l’affronter
en face…
– Mais
non, mais…
– Bien
sûr que si ! Mais continue ! Continue à t’amuser avec
tes petits fantasmes à deux balles… T’es bonne qu’à ça
n’importe comment !
Je
me disputais comme ça, des heures durant, avec moi-même… Je
finissais par m’en remettre au hasard…
– Pile,
j’y vais pas… Face, j’y vais…
Pile,
j’y allais pas… Face, je remettais à plus tard… Et je la
faisais revenir en imagination… De plus en plus intransigeante…
De plus en plus dédaigneuse… J’étais comblée…
Ce
qui a fini par me décider, c’est l’idée que, de toute façon,
maintenant, au bout de quinze jours, elle avait dû trouver… Elle
avait forcément trouvé… Je pouvais donc me montrer courageuse à
bon compte… Et je me suis fendue d’un mail… « Je suis à
votre disposition… » La réponse ne s’est pas fait
attendre… « Photo ! » Je la lui ai adressée, les
mains tremblantes, en me répététant, sur tous les tons, queje
faisais une énorme connerie… J’ai reçu son adresse, par retour,
avec un péremptoire : « Viens ! Je t’attends… »
J’ai tenté de gagner du temps… Comme ça ? Là ?
Maintenant ? Je pouvais pas… Je… « J’ai dit tout de
suite ! » J’ai obéi… Avec infiniment d’appréhension…
Avec infiniment de jubilation…
J’ai
sonné à la grille, le cœur battant… Rien… Deux fois… Trois
fois… Quatre… Toujours rien… Et puis, enfin, une voix…
– Entre !
Elle
m’a regardée traverser l’esplanade de gravier… Approcher…
Monter les marches qui menaient jusqu’à elle…
– Baisse
les yeux ! Baisse immédiatement les yeux…
Ce
que j’ai fait en rougissant…
– Pardon…
Excusez-moi !
– Tu
t’appelles ?
– Amandine…
– Ton
âge ?
– 23…
– Alors
comme ça, Amandine, tu es docile…
– Oh,
oui !
– Vraiment
très très docile ?
– Je
crois…
– C’est
ce qu’on va voir… Et sur-le-champ… Viens !
Elle
m’a saisie par un coude… Entraînée à l’intérieur… S’est
confortablement installée… A allumé une cigarette…
– Bon…
Et maintenant tu te déshabilles… Tout t’enlèves… Absolument
tout…
J’ai
obéi… Elle ne m’a pas quittée un seul instant des yeux… J’ai
tout retiré… Nue… Toute nue…
Elle a fait la moue…
– Oui…
Prestation correcte sans plus… Tu peux faire mieux… Beaucoup
mieux… Par contre t’es pas trop mal fichue… Ça joue en ta
faveur… Tourne-toi ! Oui… Décidément… Pas mal du tout…
Bon… Eh bien tu sais pas ? Maintenant tu vas essayer de me
convaincre de te donner une bonne fessée… Et tâche d’être
efficace… Dans ton intérêt… Allez, je t’écoute…
(à
suivre)
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