17 heures
Il
est resté en moi… M’a caressé les sourcils… Les paupières…
Les lèvres… Du bout du pouce…
– Il
y avait longtemps… Il y avait longtemps qu’elle avait pas eu un
plaisir aussi tonitruant la petite madame…
– C’est
qu’il y a longtemps que la petite Madame s’était pas sentie
aussi proche du monsieur… Aussi bien comprise…
– Tu
me diras, hein ? Tu me promets ?
– Tout…
Je te dirai tout… Même s’il y a rien… Si c’est juste dans ma
tête qu’il se passe des trucs avec un type… Et puis toi, alors,
tu me puniras pour ça… Tu me donneras la fessée… Une bonne…Une
sévère…
– Qui
te remettra en paix avec toi-même…
– Voilà,
oui… Tu comprends tout… Mais pourquoi tu m’en donnais plus ces
derniers temps ? T’avais plus envie ?
– C’est
pas que j’avais plus envie, c’est qu’elles sonnaient faux…
Que tu ne les investissais plus vraiment… T’étais ailleurs…
Avec elles… L’essentiel, c’était vous trois…
– Oui,
oh, alors là… Si tu savais…
– Si
je savais quoi ? Que tout a commencé parce que Jaufret a
flanqué une fessée à Christine et que Charles s’en est rendu
compte ? Que, pour faire passer la pilule, vous avez inventé
une histoire à dormir debout et que vous avez fini par vous prendre
à votre propre jeu ? Et pas qu’un peu…
– Ah,
ben d’accord ! En somme, si je comprends bien, c’est depuis
le début qu’on avait des détectives au cul…
– Il
n’y a jamais eu de détectives… Alexandre a inventé ça de
toutes pièces… Pour vous donner le change… Au cas où vous
finiriez par avoir des soupçons…
– Pas
de détectives ? Alexandre… Des soupçons ? Des soupçons
de quoi ? J’y comprends plus rien…
– Le
frère aîné d’Alexandre est un ami d’enfance de Charles… Son
meilleur ami… Et Alexandre est une vraie fouine… Qui a assisté à
pas mal de choses… Qui connaît Ludo… Qui connaît Enzo… Qui
connaît Jaufret… Et qui n’a pas son pareil pour tirer les vers
du nez à son interlocuteur… Mélanie, entre autres, en a souvent
fait les frais… Toi aussi, d’ailleurs, quelquefois…
– C’est
par lui que t’as su alors pour Enzo ?
– Évidemment
que c’est par lui… Par le truchement de son frère en fait…
Mais ça revient au même…
– Quel
petit salopard ! Non, mais quel petit salopard !
– À
un rapport quotidien on avait droit… Et je peux te dire qu’il
fourmillait de détails… On n’ignorait rien de vos parties de
jambes en l’air aux unes et aux autres… On a toujours su où vous
étiez… Ce que vous faisiez… Avec qui… Quels étaient vos
projets… Vos plans d’action…Comment vous envisagiez de nous
rouler dans la farine… Comment vous croyiez y être parvenues…
Comment vous vous en réjouissiez…
– Tel
est pris qui croyait prendre, quoi ! Vous nous avez bien eues…
Mais ce type, là… Le frère d’Alexandre…
– Cyrille…
– C’était
quand qu’il venait vous raconter tout ça ? Parce qu’on l’a
jamais vu, nous… Même pas croisé comme ça, par hasard…
– Il
venait pas… On allait chez lui… Le matin, pendant que vous
faisiez vos ablutions… Et on y retournait l’après-midi…
– Eh
ben dis donc !
– Cyrille
était intarissable… Il en avait jamais fini avec vous… Vous le
fasciniez à un point… Toi surtout…
– Moi ?
Pourquoi moi ?
– Parce
que tu leur distribuais généreusement des fessées aux deux autres,
mais que toi, tu n’en recevais jamais… Il rêvait du jour où son
frère lui apprendrait que… enfin… enfin… vous aviez interverti
les rôles…
– Oui…
Ben raté…
– Il
a eu mieux… Beaucoup mieux…
– Comment
ça ?
– Tu
as la mémoire courte…
– Ah,
oui… C’est vrai… J’y pensais plus… Il y a eu le club…
– Et
Nathalie… La copine d’Enzo… Qui ne t’a pas ménagée…
– Il
y était Alexandre ?
– Ils
y étaient tous les deux…
– Et
toi aussi… Forcément…
– Non…
La faute à Charles… Persuadé qu’on avait largement le temps de
faire l’aller et retour à Nice avant… Résultat des courses :
quand on est arrivés tout était terminé… Et pourtant ça valait
son pesant d’or à ce qu’il paraît… Mais tu me raconteras…
Et puis qui sait ? Tu recroiseras peut-être la route d’Enzo…
Et celle de Nathalie dans la foulée…
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