– Ça
y est, Rémi… Ça y est… Il y a quelqu’un qu’a emménagé en
face… Un type… Tout seul apparemment… Un jeune… Qui doit
avoir quelque chose comme vingt-cinq ans… Dans ces eaux-là… Il a
passé l’après-midi à monter des cartons comme des cartons…
– Et
toi, à le regarder faire, planquée derrière les doubles rideaux…
– Oh,
non ! Non ! Enfin, si ! Un peu…
– Beaucoup,
oui, tu veux dire… Je te connais… Et un petit jeune, ça
m’étonnerait que t’aies pas laissé traîner tant et plus les
yeux dessus… Et que tu te sois pas offert une petite gratouille
par-dessus le marché…
– Rémi !
– C’est
pas vrai peut-être ?
– Si !
J’ai pas pu m’empêcher…
– C’était
bien au moins ? T’as pris ton pied ?
– Tu
vas me punir ?
– Tu
en doutes ?
– Non…
Pas vraiment, non…
– Bon,
allez, prête ?
– Tu
fermes pas la fenêtre ?
– On
la ferme jamais d’habitude…
– Oui,
mais maintenant il y a quelqu’un en face… Qu’a les siennes
d’ouvertes de fenêtres en plus…
– Si
on se met là derrière, il peut pas voir…
– Non…
Mais il peut entendre…
– Ça
finira bien par arriver un jour ou l’autre de toute façon…
Forcément… Alors un peu plus tôt un peu plus tard…
– Eh
ben, dis donc !
– J’ai
honte… Qu’est-ce qu’il va penser ?
– Que
t’es une petite Madame qu’adore se prendre des fessées… Que ça
met dans tous ses états… Et qui, dans la foulée, a des orgasmes
tonitruants…
– J’ai
crié si fort que ça ?
– Pas
crié… Bramé… Rugi… Feulé…
– Je
me suis pas rendu compte…
– Lui,
si ! Alors là… Pas besoin de t’en faire…
– Il
est venu ce matin…
– Qu’est-ce
qu’il voulait ?
– Savoir
quel jour passent les poubelles…
– Oui…
Un prétexte pour voir à quoi ressemble cette voisine qui anime les
nuits d’été… Et alors ?
– Ben,
rien… Je lui ai dit… Et il est reparti…
– Tu
lui as même pas offert un café ? Le pauvre ! Lui qui
rêvait de passer dix minutes en tête à tête avec toi… De te
fixer les fesses quand tu irais chercher les tasses… le lait… les
petites cuillers… le sucre… De les imaginer brûlantes et
rutilantes sous le jean… Et toi tu le retiens pas… Non, mais t’es
vraiment une sans cœur, hein !
– J’étais…
J’étais pas très à l’aise…
– Ah,
oui ? Il y avait franchement pas de quoi…
– Tu
lui as parlé quand t’es rentré tout-à-l’heure, j’ai vu…
– Tu
passes ton temps à le surveiller par la fenêtre, ma parole…
– Mais
non, mais…
– En
tout cas il est beau garçon… Tout-à-fait le style d’éphèbe
dont tu raffoles… Tu vas boire du petit lait avec un voisin comme
ça…
– Vous
avez discuté longtemps…
– Encore
assez, oui !
– De
quoi ?
– T’es
bien curieuse… Disons que je lui ai demandé de bien vouloir
t’excuser… Parce que t’avais été en-dessous de tout ce matin…
Et que, pour réparer ta bévue, je l’ai invité à dîner vendredi
soir… Qu’il puisse te reluquer les fesses tout son saoul…
– Tu
lui as pas dit ça comme ça, j’espère…
– Bien
sûr que non… Mais c’est forcément ce qu’il va faire…
D’autant que tu multiplieras tant et plus les allées et venues…
Et qu’on en aura rajouté une couche juste avant qu’il arrive…
– Tu
es machiavélique…
– Tu
adores ça…
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