mercredi 24 décembre 2014

Fessées croisées (6)

14 heures 30


– Jamais j’aurais cru ça de Jacques…
– N’importe qui si on le pousse à bout…
– Oui, mais quand même… Jacques…
– Le type aussi, dans le bouquin, il était à cent mille lieues d’être comme ça… N’empêche qu’elle a quand même fini par le faire dégoupiller… Bon, mais c’est pas tout ça… Qu’est-ce qu’on fait, nous ?
– Un petit tour à Toulon ?
– Eh bien, allez ! En route…



16 heures




Place de la Liberté… Le même café… La même table…
– Ils sont pas là…
Ah, ben non… Non… Pour ça, non… Ils n’étaient pas là…
– Chiche qu’on les appelle…
Elle a grimacé…
– C’est prendre de sacrés risques quand même…
– Oh, tu parles ! Il va se passer quoi ? On va reboire un coup ensemble… Aller faire le tour de deux ou trois curiosités locales… Et puis voilà…
– On aura envie de les revoir… Une fois qu’on a mis le doigt dans l’engrenage… Eux aussi… Et si ça finit par déraper ? Ils sont très séduisants…
– Tu veux vraiment le fond de ma pensée ? Ça arriverait… Parce qu’attends… T’as 36 ans… J’en ai 32… À notre âge… Et ça fait des mois qu’on est privées… Que nos mecs nous délaissent… Alors on irait voir ailleurs… Discrètement… Sans faire de vagues… Ça n’aurait rien de scandaleux… Sauf qu’on le fera pas… On est trop bourrées de principes… Ou trop connes…On va se contenter de regarder le menu… Sans consommer… Allez, j’appelle, tiens…

– Vous voulez faire quoi ?
– On sait pas… Décidez, vous… Vous connaissez… Pas nous…
– Alors, pour commencer, on vous emmène au Mourillon… C’est très sympa toutes ces petites rues, vous allez voir…
On connaissait déjà… On avait arpenté… En long et en large… On y avait même fait quelques emplettes… On n’a rien dit… On leur a laissé croire… Qu’on découvrait… Avec eux… Grâce à eux…

Christine et Jaufret avaient pris un peu d’avance, engagés dans une conversation manifestement animée… Enzo s’est arrêté, m’a posé la main sur le bras… J’ai frissonné… Je ne l’ai pas retiré… Il a cherché mes yeux…
– Pourquoi vous avez l’air si triste, petite Madame ?
– Mais je suis pas triste…
– Vous dites ça d’une petite voix désespérée…
– Mais non, mais…
J’ai rougi… Balbutié… Les deux autres s’étaient arrêtés pour nous attendre… J’ai retiré mon bras… On les a rejoints…



20 heures 30


Geneviève a attendu que tout le monde ait pris place à table… A réclamé le silence…
– Je voudrais revenir un instant – juste un instant – sur ce qui s’est passé à midi… Mélanie a présenté ses excuses à Jacques qui les a acceptées… L’incident est donc clos… À condition, bien entendu, que son comportement et ses propos soient désormais irréprochables… Elle a pris à ce sujet des engagements très précis… Et si, d’aventure, elle ne tenait pas parole…
– Je tiendrai… Je tiendrai… J’ai promis…
– Mais je n’en doute pas une seule seconde, ma chérie…



23 heures



Je rêvais… D’Enzo… Il voulait… Je ne voulais pas… Il voulait… Je voulais aussi… Et il me caressait… Se faisait précis… De plus en plus précis… Si précis que… J’ai vaguement émergé du sommeil… Mais il était là ! Il était vraiment là… Pelotonné contre moi… Ce n’était pas lui… C’était Gilles… Gilles qui se faisait insistant… Pressant… Gilles dans les bras de qui j’ai eu mon plaisir… Il y avait si longtemps…

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