lundi 28 septembre 2009

Colocataires ( 10 )

- Eh ben dis donc !… Il y en a une vous lui avez sacrément tapé dans l’œil hier au hand… Vous auriez vu toutes les questions qu’elle m’a posées sur vous ce matin en cours… Ca arrêtait pas… Et tout ça juste pour vous avoir aperçu à peine une petite heure assis dans les gradins… « - C’est pas vrai !… C’est le type chez qui tu vis ?… Comment il est classe… Un vrai monsieur… Un homme comme ça, moi… »… Vous voyez bien qu’il y a encore des petites jeunes qui vous trouvent à leur goût… Et Melissa c’est pas n’importe qui en plus !… C’est pas le genre de fille qui couche avec tout ce qui lui tombe sous la main… Il faut vraiment que le mec lui plaise… Sinon elle préfère encore le désert… Six mois de suite des fois je l’ai vue faire abstinence… Et ça avait pas l’air de la déranger plus que ça… En tout cas, là, si vous savez vous y prendre, vous êtes sûr de décrocher le jackpot… Mais vous voyez sûrement pas qui c’est…
- Si !… Vous l’avez assez appelée en jouant… Et Melissa par ci… Et Melissa par là…
- Forcément !… C’est notre capitaine… Et vous en pensez quoi ?… Elle vous plaît ?… Ouais… Rien qu’à voir votre air… Qu’est-ce vous allez faire ?… Vous mettre sur le coup ?… Je l’invite à venir ici un soir si vous voulez… Encore que… Je suis pas sûre que ce soit un très bon plan pour moi, ça… On sait jamais comment ça tourne après ce genre de truc… Mais de toute façon j’ai pas le choix… Parce que je la connais Melissa… Quand elle s’est mis quelque chose dans la tête elle arrive toujours à ses fins… Toujours… Par n’importe quel moyen… Et là, elle est motivée, c’est clair… Alors vaut mieux que j’aille à fond dans son sens pour garder un œil sur ce qui se passe… Pour avoir toutes les cartes en mains… Parce que qu’elle baise avec vous j’en ai rien à foutre… Tant mieux si ça lui fait du bien… Et à vous avec… Mais qu’elle s’avise pas d’essayer de nous séparer tous les deux ou de nous mettre des bâtons dans les roues… Parce que alors là… là… elle aurait pas fait le plus dur… Ce serait la guerre sans merci…

Elle finissait de se doucher…
- Vous m’avez toujours pas dit…
- Je t’ai toujours pas dit quoi ?
- Si vous aimeriez que je supprime tout en bas…
- A condition, comme on l’avait envisagé, que ce soit moi qui m’en occupe…
- Oh, alors là, il y a pas de problème… J’ai horreur de ça me le faire moi-même… Faut se contorsionner dans tous les sens et puis j’ai toujours peur de me couper… C’est déjà arrivé d’ailleurs…

- Comment vous avez les mains douces… C’est de la folie… Et puis vous faites ça comme si c’était tellement précieux ce qu’on a là… Comme si vous aviez peur de l’abîmer…
- Mais c’est précieux…
- Vous l’appelez comment, vous, quand vous y pensez ou quand vous en parlez ?… Le minou ?… La chatte ?… La foufoune ?
- Le fendu…
- Ah oui ?… Je l’avais jamais entendu celui-là… Ca vient d’où ?….
- Je sais pas, mais je l’aime bien… Je l’aime bien parce que c’est un mot qui reste tout à l’entrée… Qui ne dit que ce qu’on voit d’abord… Au premier coup d’œil… Du moins chez la plupart des femmes… Plus loin c’est qu’elles ont bien voulu donner à voir… A contempler… Quelles qu’en soient les raisons… Plus loin il faut d’autres mots… A inventer… En fonction d’elles… En fonction de ce qu’on est amené à vivre – ou à ne pas vivre – avec elles…
- Mais c’est que vous seriez poète en plus !… Et mon plus loin à moi vous l’appelleriez comment alors ?
- Je n’ai pas encore toutes les informations nécessaires pour me prononcer en toute connaissance de cause… Mais il ne tient qu’à toi de me les donner… Ou de m’autoriser à aller les chercher… D’autant qu’elles sont à portée de main…
- Oui… Bon… Il serait peut-être judicieux de changer de conversation…
- Je le crois aussi… Dans l’intérêt de notre pacte… Parce que c’est une conversation qui ne semble pas te laisser indifférente si j’en juge par…
- Vous devriez être censé ne pas vous en apercevoir…
- Désolé… Mais il est très difficile pour moi de ne pas être attentif à toi…
- Bon, mais vous avez fini n’importe comment, non ?
- Pratiquement… Il ne reste plus qu’à y passer un peu de crème adoucissante…
- Houla !… Vous allez être capable ?… Je veux dire sans que…
- Tu en doutes ?…
- Non… Non… Allez-y !…

- Je peux vous poser une question ?
Elle finissait d’essuyer la table du petit déjeuner…
- Quoi donc ?
- Laquelle vous préférez comme colocataire ?… Victorine ou moi ?
- C’est complètement différent… Vous avez chacune votre personnalité… Aussi attachante l’une que l’autre… C’était très agréable avec Victorine… C’est très agréable avec toi…
- J’étais sûre que vous alliez biaiser… Alors je vais la poser autrement ma question… Si elle voulait revenir ici et que vous ne pouviez pas nous garder toutes les deux laquelle vous choisiriez ?…
- Il n’y a aucune espèce de raison pour que je ne vous garde pas toutes les deux… La maison est assez grande, non ?
- Vous êtes chiant quand vous vous y mettez… Mais qui c’est qu’aurait la chambre de devant ?… Elle ou moi ?
- Ca, c’est une question que je vous laisserais le soin de résoudre entre vous… Mais pourquoi tu me demandes tout ça ?… Tu sais quelque chose ?… Elle compte revenir Victorine ?
- Non… Je sais pas… Je crois pas… Mais je l’ai rêvé cette nuit qu’elle revenait… Et que vous me viriez… Vous me jetiez toutes mes affaires dehors en rigolant et en vous moquant de moi avec elle… Du coup je me disais que tant pis j’allais coucher avec vous… Il y avait pas d’autre solution… Seulement quand j’arrivais dans votre chambre il y avait Mélissa dans votre lit… A elle aussi vous lui aviez tout enlevé en bas et elle me disait que vous lui aviez inventé tout un tas de mots pour elle toute seule, mais qu’ils étaient secrets et que je pourrais jamais les connaître…
- Eh ben dis donc !…
- J’ai pas envie… De partir d’ici… J’ai pas envie…
- Personne te le demande…
- Non, mais même quelques jours… Je dois y monter là-haut voir Victorine à la Toussaint…
- Mais c’est demain !…
- Oui… J’ai pas envie… Je lui ai promis, mais j’ai pas envie… Elle va vouloir que je lui parle de vous… Que je lui raconte tout en détail… Elle va me tanner avec ça… Ca la regarde pas…
- Eh bien lui raconte pas !…
- Vous la connaissez pas… Elle me lâchera pas… Elle me répétera sur tous les tons qu’elle, elle me disait tout quand elle était ici avec vous… Et pourquoi moi je veux pas ?… Qu’est-ce que j’ai à cacher ?… Et tatati et tatata… Ca va être l’enfer…
- Eh bien n’y va pas !…
- Elle a posé dix jours pour qu’on soit ensemble pendant mes vacances à la fac… Si je monte pas c’est elle qui va descendre, c’est couru… Et ça j’en ai encore moins envie… Non… J’ai pas le choix… Faut que j’y aille… Dix jours sans vous… Ca va être long… Mais dites… Vous allez vous ennuyer un peu, hein, vous me promettez ?!…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire