lundi 28 novembre 2011

Souvenirs d'avant ( 22 )

22-

- Demain, c’est… ?
- Le 28 Décembre. La Fête des Innocents. Oui, je sais…
- Et qu’est-ce qu’on fait ce jour-là ?
Elle ne répond pas. Elle fait mine de n’avoir pas entendu.
- Ce jour-là, on va dénicher, au petit matin, les vilaines paresseuses qui traînent encore au lit et on leur donne des petites tapes sur les fesses pour les faire lever… Peut-être que tu t’attarderas au lit, toi aussi, demain ?
- Oui, ben alors ça, n’y compte pas ! Je suis très matinale. Surtout ce jour-là.
- Ce ne serait que justice pourtant !
- Qu’est-ce donc qui serait justice ?
- Que je sois dédommagé de t’avoir si souvent évité d’être fouettée par le maître…
- Je serai levée… C’est comme ça…

À tout hasard. Au cas où… Et… Mais oui… Elle est là. Elle dort.
- Debout, grande paresseuse, debout !
Je tire les couvertures jusqu’au pied du lit.
- Allez, debout !
Une quinzaine de petites claques, en pluie, sur ses fesses dénudées.
- Debout !
Elle a enfoui la tête dans l’oreiller. Elle ne bouge pas.

- Debout ! Debout ou je tape pour de bon…
Pas la moindre réaction.
- Tu l’auras voulu !
Une vingtaine cette fois. Bien appuyées. Bien claquantes.
- Allez, debout !
- J’ai rien senti…
- Oh, alors là ! Alors là !

- Tu m’as fait mal.
Elle renifle.
- Tu l’avais cherché. Tu l’as pas cherché ?
- Si ! Console-moi maintenant ! Prends-moi dans tes bras…

Elle se blottit contre moi. M’enlace. Je lui parcours doucement les fesses. Du bout des doigts…
- Ca fait du bien. Comment ça fait du bien. Continue ! T’arrête pas !
Je n’en ai pas du tout l’intention.

Dans mon cou elle respire plus vite. Plus fort.
Sa main descend. Se pose.
- Tu es tout dur. Tu as envie. Comment tu as envie !
La mienne s’insinue entre ses fesses…
- Et toi donc ! Tu es toute trempée.
- Viens ! S’il te plaît, viens !

Chaque après-midi le maître fait sa sieste.
Et chaque après-midi, dès qu’on l’entend ronfler, on court s’enfermer, Guillemette et moi. Dans sa chambre. Ou dans la mienne.
Elle y étouffe ses cris dans l’oreiller.

La porte. Brusquement ouverte.
Le maître. Un fouet à la main.
- Ah, les bougres ! J’en étais sûr…
Et il abat son fouet. À toute volée. Au hasard. Sur elle. Sur moi. Sur nous…

jeudi 24 novembre 2011

Escobarines: Donnant donnant








- D’où tu viens donc comme ça, Fanchon ?
- D’aider le maître…
- Et à quoi donc, s’il te plaît ?
- À tout mettre en place pour faire le cochon ce demain…
- Vous y avez employé bien du temps…
- C’est qu’il y avait de l’ouvrage !
- Que vous avez dû interrompre souvent pour que tu t’en retournes si tard…
- Oh, non point tant, ma maîtresse…
- Mais vous l’avez interrompu…
- Un peu… Seulement un peu… Très peu…
- Et sous quel motif ?
- C’est que le maître voulait…
- Il voulait quoi le maître ? Regarde-moi, Fanchon… Il voulait quoi ?
- Moi, je ne voulais pas, ma maîtresse, je vous jure…
- Tu y as pourtant consenti… Et de bonne grâce…
- Si je refuse au maître ce qu’il veut…
- Tu ne t’es guère défendue… Ne mens point…
- Ma maîtresse…
- Et tu y as trouvé ton compte… Non ? Tu n’y as pas trouvé ton compte ? Regarde-moi ! Regarde-moi et réponds…
- Ce n’est pas ma faute…
- Ah, non ?! De qui donc serait-ce la faute alors ?
- Je suis faite comme ça, ma maîtresse, et j’ai beau…
- Tu es faite comme ça… Non, mais la belle excuse que voilà ! Bon, alors tu sais pas ? Tu vas aller rassembler tes affaires et…
- Oh, non, non ! S’il vous plaît, ma maîtresse ! Je vous en supplie… Ne me jetez pas dehors… Je ne recommencerai pas… Jamais… Je vous promets…
- Tu sais parfaitement que tu ne tiendras pas ta promesse… Que tu en es incapable…
- Oh, si, si ! Vous verrez…
- Non, tu ne la tiendras pas, non ! Et c’est tant mieux…
- Comment cela ?
- Tant mieux, oui… Tu crois que je ne suis pas lasse depuis le temps de subir ses assauts ? De devoir me laisser chevaucher chaque soir par cette bête en rut soufflante, bavante, crachotante et transpirante ? Non, non, Fanchon, je te garde… Mais j’y mets des conditions…
- Tout ce que ma maîtresse voudra…
- C’est que tu me l’épuises… Que tu me l’aies tant sollicité dans la journée qu’il ne puisse avoir d’autre envie, le soir, que celle de s’endormir, terrassé, le plus vite possible, du sommeil du juste…
- Oh, alors là, comptez sur moi ! Je vous le rendrai si exténué qu’il ne pourra redresser ne fût-ce que le bout du petit doigt…
- Point trop quand même… Que n’en pâtisse pas le labeur de la ferme… Va ! Tu peux aller…
- Le retrouver ?
- Si le cœur t’en dit…


- Tu ne tiens pas tes engagements…
- Ah, si, ma maîtresse, si !
- Non point… Hier soir encore j’ai dû subir des étreintes qui me répugnent…
- Ce n’est pas faute, je vous l’assure, d’avoir joué longuement avec lui à la bête à deux dos…
- Insuffisamment sans doute…
- Trois fois pourtant… Trois fois dont il m’a paru – surtout la dernière – particulièrement satisfait… Ce qu’il apprécie surtout, c’est…
- Peu me chaut la façon dont tu t’y prends… Seuls m’importent les résultats… Des résultats que tu n’as pas su obtenir… Que d’autres que toi seront sans doute beaucoup mieux à même de…
- Oh, non, ma maîtresse, non… Vous n’aurez plus à vous plaindre de moi, vous verrez… Plus jamais… Je mettrai tout en œuvre pour que vous soyez satisfaite…
- J’y compte bien… Et si tu veux demeurer à mon service tu y as tout intérêt… Mais en attendant reconnais que tu as mérité d’être punie pour t’être aussi mal acquittée de la mission que je t’avais confiée… Allons, approche !
- Ici, ma maîtresse ? Et si le maître surgit ?
- S’il surgit ça le mettra pour sûr en appétit.. Et nous n’aurons, pour des raisons certes fort différentes, qu’à nous en louer… L’une comme l’autre…

lundi 21 novembre 2011

Souvenirs d'avant ( 21 )

21-

Une auberge. J’y suis aux fourneaux. Et Guillemette en salle.
- Mais pas touche ! Personne.
Et elle remet vertement en place les audacieux dont les mains tendent à s’égarer.

Il n’y a qu’à Thibaut qu’elle laisse faire tout ce que bon lui semble, l’après-midi, quand l’aubergiste fait sa sieste. Ils disparaissent tous les deux derrière la haie au fond du potager.
Elle n’en revient que longtemps après toute décoiffée, les joues fiévreuses, les yeux brillants...

- Elle est où Guillemette ?
Il s’est levé beaucoup plus tôt que d’habitude. Il fronce le sourcil.
- Partie chercher de l’eau au puits. Elle ne va pas tarder.
- Vaudrait mieux. Parce qu’il y a de l’ouvrage…

Elle le chevauche avec ardeur. Ses fesses s’ouvrent et se ferment. Ses seins se balancent en cadence. Une douce mélopée s’échappe de ses lèvres entrouvertes.
- Guillemette !
Elle se retourne, me lance un regard d’abord stupéfait, puis furieux.
- Le maître, Guillemette ! Il te cherche…
- Le…
Elle se relève d’un bond, brusquement dégrisée.
Tandis qu’elle se rajuste, à la hâte, je puise de l’eau, lui tend le seau.
- Allez, vite ! Va vite !

- Je t’ai tirée, reconnais-le, d’un fort mauvais pas.
Elle le reconnaît. Du bout des lèvres.
- Il t’aurait fouettée et il aurait fait étriller ton galant.

Lequel ne vient plus…
- Il a peur, hein ?!
- Mais non, mais…

Il revient. Un peu. Rarement. De plus en plus souvent. Presque tous les jours. Tous les jours.
- Mais tu guettes, hein ?! Et tu préviens…

Je guette. Je m’acquitte scrupuleusement de la mission qu’elle m’a confiée. Je guette. Non pas l’aubergiste qui dort là-haut des après-midis entières. Non. C’est eux que je surveille : du fenil, en face, on a une vue imprenable sur tout ce qui se passe en contrebas de la haie. Je les regarde se mettre en train. S’embraser. Je l’écoute psalmodier son plaisir, transfigurée.

Je ne m’en lasse pas. Elle, si. Ou lui. Ou les deux. Ils se font moins ardents. Restent parfois – de plus en plus souvent – longuement étendus, côte à côte, sans que leurs corps se joignent.
Il vient moins à nouveau. De moins en moins. Plus du tout…

Et puis il y en a un autre. Un autre qu’elle serre contre elle avec passion. Auquel elle s’abandonne en grandes vagues moutonnées. Un autre qui la fait hurler de bonheur.

Ils se sont endormis, épuisés, l’un contre l’autre. Lui sur le dos. Elle sur le ventre, ouverte.
Toute luisante de plaisir.
Je la regarde. Longtemps.

- Guillemette !
Elle se serre plus fort contre lui.
- Guillemette !
Elle sursaute. Se redresse.
- Le maître ! Il descend. Et s’il ne te trouve pas à l’ouvrage…

jeudi 17 novembre 2011

Escobarines: Tout se sait


- Alors ? Vous vous êtes bien amusées ?
- Oh, oui, oui ! Une de ces ambiances il y avait !
- Il assurait le DJ, ça, on peut pas dire !
- Et il y avait de ces beaux mecs en plus !
- Vous n’avez pas bu plus que de raison au moins ?
- Oh, non, non, Tatie, tu nous connais…
- Justement… C’est parce que je vous connais… Quand vous vous lâchez toutes les trois vous n’avez plus de limites…
- Oh, quand même !
- Je sais ce que je dis… Et je ne tiens pas à ce que vous finissiez dans un fossé…
- T’inquiète pas ! On fait attention…

- Asseyez-vous ! Toi aussi, Tania…
- J’ai un coup de fil à passer…
- Tu le passeras après… Faut qu’on parle… Vous savez que vous étiez le centre de toutes les conversations ce matin en ville ?
- Nous ?
- Vous, oui ! Jouez bien les innocentes…
- Non… Mais on sait pas, hein ! Si, c’est vrai ! Pourquoi ?
- Vous ne m’avez pas tout dit de votre petite soirée en boîte d’avant-hier… C’est vous qui avez assuré le spectacle, à ce qu’il paraît…
- Oooooh ! Mais comment ils sont les gens ici ! D’un arriéré ! C’est pas possible d’être arriéré comme ça… Parce que… Oui, on a dansé les seins à l’air… Et alors ? Aux States c’est sans arrêt que ça se fait… Partout… A des tas d’occasions… Le mardi gras… Les anniversaires… En boîte aussi… A chaque fois t’as des tas de filles dépoitraillées… C’est comme ça… Et personne y trouve rien à redire…
- Sauf que vous n’avez pas montré que vos seins…
- Mais il passent leur temps à espionner ici, c’est pas possible !
- Vous l’avez fait ou pas ? Vous vous êtes complètement déshabillées ?
- Oui, mais oh, tu parles ! Il les avait éteints les projecteurs… C’était dans le noir…
- Et dans le noir tout le monde a pu voir que, de vous trois, Tania était la seule à ne pas être intégralement épilée… Ils sont doués les gens dans l’obscurité…
- Non, mais… on avait un peu bu et…
- Un peu !? Vous étiez saoules à pas tenir debout, oui, à ce qu’on m’a dit… Ah, on peut vous faire confiance… Ca fait plaisir… Et de quoi j’ai l’air, moi, maintenant, hein ?! De quoi j’ai l’air ? Vous pouvez me dire ? Les nièces de la pharmacienne se foutent à poil en boîte de nuit… Tout le pays en fait des gorges chaudes… Ah, j’ai bonne mine !
- Excuse-nous, Tatie…
- Oui, excuse-nous… On savait plus ce qu’on faisait…
- Et le type du micro il en a profité, du coup, pour nous pousser tant qu’il a pu à nous désaper…
- Vous vous seriez pas mises dans un état pareil aussi !
- On recommencera plus… On te promet…
- Encore heureux ! Manquerait plus que ça ! Ah, ils vont être contents vos parents quand ils vont apprendre à quoi vous vous amusez, toutes les trois, pendant vos vacances !
- Tu vas pas leur dire ?
- Oh, non, hein, tu vas pas faire ça !?
- Je vais me gêner ! C’est un service à vous rendre en plus !
- Qu’est-ce qu’elle va me passer ma mère !
- Et moi, mon père ! Il va me foutre dehors, oui…
- Oh, non, ma petite Tatie, tu peux pas nous faire ça ! Tu peux pas… On recommencera pas… On te l’a dit… On t’a promis…
- Vous comptez quand même pas vous en tirer comme ça ?
- Oh, Tatie, va !
- Ah, non ! Non ! Ce serait trop facile… Comme des gamines vous vous êtes comportées… De véritables gamines… Et ce que vous mériteriez, tiens ! c’est que je vous traite comme telles… Que je vous flanque, à toutes les trois, une bonne fessée carabinée qui vous remette les idées en place… Et d’ailleurs… c’est ce que je vais faire…
- Oh, non, quand même, Tatie… On a passé l’âge…
- Oui, oh, alors ça ! La preuve que non ! Bon, mais vous savez pas ? Je vais vous laisser le choix… Ou bien on règle gentiment ça entre nous ou bien on met papa-maman au courant…
Vous avez jusqu’à ce soir pour réfléchir…

- Alors ? Qu’est-ce qu’on a décidé ?
- Ce que t’as dit, Tatie…
- La fessée ? Ah, ben vous voyez que vous pouvez vous montrer raisonnables quand vous voulez…

lundi 14 novembre 2011

Souvenirs d'avant ( 20 )

- Elle a bien des qualités, ma chère, ta nouvelle recrue ! Mes compliments !
Elle s’est inclinée en souriant.
- Si ma maîtresse est satisfaite…
- Elle l’est. Garde-moi cette petite merveille à proximité. Qu’elle soit à ma disposition chaque fois que j’en manifesterai le désir…
- Il en sera fait selon vos ordres…

- Restaure-toi ! Reprends des forces ! Tu vas en avoir besoin. Elle n’a pas fini de te solliciter. Je la connais. Quand l’un de ses eunuques lui plaît – lui plaît vraiment – elle ne jure plus que par lui…

Et effectivement… C’est tous les jours. Plusieurs fois par jour. Elle veut. Elle veut tout le temps. Il y en a d’autres. Qui la satisfont. Que je regarde la satisfaire. Et elle revient à moi. Obstinément à moi.

- Jamais aucun mâle ne l’avait – paraît-il – jusqu’à présent comblée à ce point. Ah, pour chanter tes louanges elle chante tes louanges on peut pas dire ! Mais…
Elle pose la main sur moi. Me sollicite. Insiste longuement.
- Mais pourquoi devrait-elle être la seule à pouvoir profiter de toi ? C’est elle la maîtresse, oui ! Mais qui t’a choisi ? Qui t’a arraché au dur travail de la terre ? Qui t’a amené jusqu’à elle ? Et je ne pourrais pas en recueillir, moi aussi, les fruits ? Ah non, non ! Ce serait trop injuste. Viens !

- Elle n’en a pas menti. Tu es… Non. Reste ! Ne t’en va pas ! Embrasse-moi encore ! Embrasse-moi là où tu l’as si bien fait tout à l’heure… Comme ça, oui ! Oh, tu es…

- Il ne faut pas qu’elle sache, hein ! Surtout pas ! Elle te tuerait… Elle t’appelle. Va ! Va vite ! Ne la fais pas attendre…

Elle me repousse du bout du pied…
- Mais qu’as-tu ? Qu’as-tu fait de ta vigueur ?
Un autre prend ma place. Un autre encore…

- Toujours pas ? On va s’employer à t’y redonner goût…
Un signe. Deux colosses s’approchent. Font claquer leurs fouets.
Ca brûle. Ca mord. Ca déchire.
Je perds connaissance…

Elle me soigne. Elle me panse. Elle recouvre, avec douceur, mes plaies sanguinolentes d’onguents et de filtres.
Et elle veut. Elle veut de plus en plus.
- Si j’avais su ! Je ne t’aurais pas amené à elle. Tu n’aurais jamais été qu’à moi…

- Il ne faut pas. Non, il ne faut pas. Elle va m’appeler tout à l’heure et si je ne suis pas capable de…
- Elle s’en passera. Elle se passera de toi. Elle en a d’autres…
- Je serai fouetté…
- Tu n’en mourras pas. Je veux. Je te veux. Là. Tout de suite. J’ai trop envie…

Mais elle ne me fait pas appeler…
- Elle se sera lassée… Elle est d’humeur changeante…

Elle ne me fait plus jamais appeler…
- Il y a quelqu’un… Un autre eunuque… Un nouveau… Elle ne jure plus que par lui… Et moi que par toi !
Et elle se blottit dans mes bras…

- Elle a décidé… Tu vas retourner cultiver la terre… Là-bas… Avec les autres… Mais moi j’ai décidé… Que tu n’y retournerais pas… Je vais te cacher… Je sais où… Tu seras à moi… Rien qu’à moi… Pour toujours…

jeudi 10 novembre 2011

Escobarines:Rendez-vous manqué


- Ah, vous êtes là ?...
- Comme vous pouvez le constater, je suis là, oui. Mais… et vous ? Que faites-vous donc par ici ?
- Moi ? Oh, je… Rien ! Rien… Je me promenais.
- Seule ? Ce n’est pas bien prudent. Vous auriez au moins pu demander à Rose de vous accompagner.
- Elle était occupée et…
- Mon fils serait à coup sûr fort mécontent s’il savait que son épouse s’octroie de telles libertés.
- Que pourrait-il donc bien m’arriver ici, à deux pas de la maison ?
- C’est bien souvent que vous venez errer de ce côté-ci, à ce qu’il semble.
- Non point tant…
- Qu’y trouvez-vous donc de si attrayant ?
- On y respire un air si pur ! La nature y est si belle ! Bon… Mais nous pourrions peut-être rentrer ?
- Vous voilà bien pressée tout à coup. Ma compagnie vous serait donc importune ?
- Que non point !
- Mais ?
- Non. Rien. Restons si vous le souhaitez…

- Ah, tiens, un jeune homme ! Qui vient par ici… Le connaîtriez-vous ?
- Moi ?.. Jamais de la vie ! Comment le connaîtrais-je ?
- Il nous a vues… Il s’éloigne…
- Nous l’aurons effarouché…
- Vous auriez été seule qu’il se serait sans doute approché davantage…
- Oh, non ! Non ! Qu’allez-vous imaginer ?
- Vous l’étiez hier…
- Hier ? Je ne sais pas… Je ne sais plus…
- Et vous êtes allée à sa rencontre…
- Moi ?
- Vous, oui !
- Quelqu’un aura cru me voir... M’aura confondue avec une autre…
- C’était vous… Il n’y a, là-dessus, aucun doute possible… C’était vous… Vous qui l’avez laissé vous tenir les mains… Vous prendre un baiser… Fourrager dans votre corsage… Et si vous n’aviez pas entendu du bruit en contrebas, dans les sapins, je gage qu’il serait allé, sans que vous ayez à cœur de l’en empêcher, beaucoup plus loin…
- Je vous jure que…
- Ne jurez point ! Vous savez très bien que vous l’auriez laissé faire… Sans doute d’ailleurs l’avez-vous déjà, à quelque moment, laissé faire…
- Cela aussi je vous jure que…
- C’est pourtant ce dont sera très vraisemblablement persuadé Roland quand il rentrera et qu’il apprendra…
- Vous n’allez pas lui dire ?!
- C’est mon devoir de mère…
- Oh, non, non ! Je vous en supplie ! Pardon… Je ne le ferai plus… Je ne le verrai plus… Je ne viendrai plus ici… Plus jamais…
- Ce ne sont que promesses…
- Que je tiendrai… Soyez-en certaine…
- Vous ne l’êtes pas vous-même… Non… Il faut que mon fils sache, dans son intérêt et dans le vôtre, quelle femme il a réellement épousée… Il faut qu’il puisse prendre, en toute connaissance de cause, les mesures qu’il jugera nécessaires…
- Quelle opinion il va avoir de moi !
- Une opinion à l’évidence beaucoup plus proche de la réalité que celle qu’il avait jusque là… Mais à qui la faute ?
- Non ! Non ! Ce n’est pas moi… Je ne voulais pas… Je ne veux pas… Oh, s’il vous plaît ! Ne lui dites pas ! Je ferai ce que vous voudrez… Tout ce que vous voudrez… Punissez-moi si vous voulez… Oui, punissez-moi ! Mais ne lui dites pas !
- Vous punir ? Reconnaissez que ce serait amplement mérité…
- Je reconnais, oui… Je reconnais…
- C’est tout à votre honneur… Et une bonne fessée devrait remettre durablement dans le droit chemin la petite évaporée que vous êtes…
- Une… ?
- …fessée, oui. Y verriez-vous un inconvénient ?
- Non… Non… Pourvu que vous ne lui disiez pas… Qu’il ne sache rien… Vous ne lui direz pas, hein ?!
- Nous verrons… Allons ! Venez ici ! Et troussez-vous ! Là… A la bonne heure…

lundi 7 novembre 2011

Souvenirs d'avant ( 19 )

De la poussière sur le chemin derrière. Un immense nuage de poussière. Des cavaliers. En grand nombre. Qui nous encerclent. Qui font claquer leurs fouets. Qui nous emmènent…

Il y en a d’autres. Des dizaines. Peut-être des centaines. Des paysans comme nous. Rassemblés dans un pré à la lisière de la forêt.
Celui qui semble être le chef donne le signal…
- Allez ! En route !

En route. En longue colonne tout au long de laquelle galopent les chevaux. On nous pousse. On nous bouscule…
- Allons ! Dépêchons !
Les fouets claquent. S’abattent. On gémit. On avance. On tombe. On se relève. On repart.

Des jours. Des nuits. Encore des jours. Encore des nuits. On nous jette du pain. Qu’on dévore. On dort à la belle étoile. A même le sol.

- Vous êtes arrivés, esclaves !
Un campement. D’autres chefs. D’autres ordres.
- La terre, c’est ici que vous la cultiverez désormais…
La terre. Une terre inconnue. A perte de vue…

Une femme. Richement parée. Une femme entourée de gardes du corps. Devant laquelle les gardiens, obséquieux, se multiplient en courbettes. Un ordre. Donné à mi-voix. Et on nous fait mettre nus. Tous. Former une haie qu’elle passe lentement en revue.
- Toi !
Elle choisit.
- Toi ! Toi ! Toi !
Moi. Moi aussi.

On est six. Qu’elle emmène…
- Vous êtes forts. Vous êtes musclés. Vous êtes beaux. Ma maîtresse aime. Ma maîtresse aimera…
Elle nous effleure en bas. L’un après l’autre…
- Et vous êtes vigoureux… Mais… Mais vous ne pourrez l’approcher qu’une fois privés de ce qui fait encore, pour peu de temps, votre virilité…
D’instinct nos mains sur elles.
Elle rit.
- Ne craignez rien ! Même amputés, vous pourrez vous dresser encore. Pas tous. Pas tout le temps. Mais vous pourrez. L’un ou l’autre en tout cas. Notre maître l’ignore. Pour le plus grand bonheur de notre maîtresse…

On m’a bandé les yeux. Une douleur. Fulgurante. Insoutenable. Je perds connaissance…

Au réveil, je suis étendu sur un möelleux divan. Une servante m’évente. Une autre change mes linges ensanglantés. Une troisième me tend une coupe de savoureuses confiseries.

D’autres servantes. Qu’elle fait danser nues devant moi. Elle constate.
- Tu n’as rien perdu de ta vigueur. Rien. Viens avec moi !

- Un nouvel eunuque, oui ! Qui va vivre au palais…
Les gardes me barrent le passage.
- Faut qu’on vérifie ! Les ordres sont les ordres.
- Eh bien faites !
- C’est bon ! Elles sont plus là…
Leurs rires résonnent longtemps derrière nous.

- Le voici, maîtresse !
- Il a la figure plaisante. Il est bien proportionné. Et tu es sûre que…
- Certaine. Ce n’est plus un homme, mais c’est exactement comme si il l’était.
- Parfait ! Qu’on me laisse avec lui. Seule.


jeudi 3 novembre 2011

Escobarines: Jeune mariée


- J’ai peur… Non, mais comment j’ai peur… Vous croyez qu’on s’entendra bien tous les deux ?...
- Il y a pas de raison…
- Oh, ben si !... Si qu’il y en a des raisons !... Quand je regarde les autres autour de moi…
- Faut bien reconnaître que…
- Mais je veux pas, moi, hein !... Je veux pas… Si je me marie, c’est pas pour que dans six mois on se crêpe le chignon et qu’on se sépare…
- Ca… On te comprend… Il y aurait bien un moyen…
- Un moyen ?... Un moyen pour quoi ?...
- Pour que ton couple tienne à tout jamais le coup…
- Ah oui ?!... Qu’est-ce que c’est ?...
- C’est du sûr à cent pour cent en plus…
- Eh ben dites, quoi !... Me faites pas languir comme ça !...
- Aux Etats-Unis une fille qui se marie on lui flanque une fessée juste avant…
- Ils sont pas bien là-bas…
- Ils sont peut-être pas bien, mais n’empêche que si on regarde les statistiques on s’aperçoit que sur les filles qui l’ont reçue il y en a à peine 1% qui ont divorcé au cours des 20 années suivantes… Alors que dans le reste de la population ça avoisine les 35%...
- C’est vrai ?...
- Bien sûr que c’est vrai… Demande à Maryse si c’est pas vrai…
- Ah, si, si !... Moi aussi, j’ai lu des tas d’études là-dessus…
- Mais comment ça s’explique ?...
- Alors ça !... Les spécialistes se penchent sur la question… Ils formulent toutes sortes d’hypothèses… Mais pour le moment faut bien reconnaître qu’ils pataugent… Par contre si on s’en tient aux faits…
- Qui c’est qui la leur donne ?...
- En général des femmes de leur famille…
- C’est dingue quand même !...
- Question de point de vue…
- Ca doit faire mal !…
- Un peu… Mais il faut !... Pour que ce soit efficace il faut…
- Vous êtes sûres que ça marche au moins ?...
- Puisqu’on te le dit…
- Peut-être qu’il faudrait que vous me le fassiez alors !...
- Ca, c’est à toi de voir… Nous, on veut surtout pas te forcer la main…
- Qu’est-ce que je risque n’importe comment ?!...
- Pas grand-chose…
- Allez-y alors !... Oui… Allez-y !...

- Tu vois que c’est pas si désagréable que ça finalement…
- Non… J’aurais pas cru…
- Bon… Eh bien on va t’en remettre une petite couche du coup puisque ça te déplaît pas… Ca peut pas te faire de mal… Et si on veut être sûres que ça marche…
- Je veux bien, oui… Je veux bien…

- Arrêtez !... Arrêtez !...
- Quoi ?!... Qu’est-ce qu’il y a ?... C’est trop fort ?...
- Non… Enfin oui, c’est fort… Mais c’est pas ça… Non… j’m’en fiche que ce soit fort… Au contraire… Non… C’est que ça va laisser des marques…
- Et alors ?...
- Et alors… Ben et alors il va forcément s’en apercevoir ce soir…
- Qu’est-ce que ça peut faire ?...
- Ca peut faire qu’il va se demander ce que c’est… Qui c’est qui m’a fait ça… Qu’est-ce que je vais lui dire, moi ?...
- Tu peux bien lui dire que c’est nous…
- Oui, mais pourquoi… Il va vouloir savoir pourquoi…
- Dis-lui la vérité… Il sera tout attendri que tu aies fait ça pour lui… Pour être sûre que vous restiez ensemble tous les deux… Tu peux aussi lui laisser entendre que tu as tout particulièrement apprécié… Ca va lui donner des idées dont tu vas forcément te trouver bien… Une autre solution encore, ce serait de lui confier, sous le sceau du secret, que tu n’avais pas été très sage, que tu avais fait une grosse bêtise et qu’on a été obligées de te punir…
- Ah, oui, oui… Je sais ce que je vais faire… Je sais ce que je vais lui dire… Allez-y !... Continuez !... Continuez !... Et tapez, hein !... N’ayez pas peur !... Qu’il soit bien rouge… Le plus rouge possible…