jeudi 28 avril 2011

Escobarines: Au bureau ( 4 )



Lundi 2 Octobre

Elles étaient déjà toutes au courant…
- Bon… Ben ça y est !… Reconnais que c’était pas la mer à boire…
- Maintenant que tu y as goûté tu pourras plus t’en passer, tu verras… C’est ce que ça nous a fait à toutes…
- Laissez-la parler !… Allez, raconte, toi !…
- Mais que je raconte quoi ?…
- Ben tout !… Qu’est-ce qui t’a décidée… Ce que ça t’a fait… Ce que t’as senti… Ce que t’as pensé…
- Une chose est sûre en tout cas, c’est qu’elle m’a pas demandé d’arrêter…
- T’as tapé fort ?…
- Pas mal, oui… De plus en plus… Même qu’à la fin… Vraiment fort…


On a fini par se mettre au travail…
- Oui… Parce que si elle arrive…
Mais elles ont continué à en parler… A vouloir savoir…
- Ca te brûle encore ?…
- Un peu…
- Et t’as marqué ?… T’as beaucoup marqué ?…
- Je sais pas…
- Comment ça tu sais pas ?!… T’as bien regardé quand même ?!… Tout le monde regarde… C’est obligé… Tout le monde… T’as forcément regardé…
C’est Fabrizia qui a fini par le demander…
- Tu fais voir ?…
- Mais oui !… Fais voir… On est entre nous…
- De toute façon un jour ou l’autre on le verra… Alors un peu plus tôt un peu plus tard…
Je ne me suis pas donné le ridicule de jouer les vierges effarouchées avec elles… J’ai dégrafé mon pantalon… Elles m’ont entourée… Je l’ai baissé… La culotte je n’ai pas eu le temps parce que…
- Qu’est-ce qui se passe ici ?…
Madame Lambert… Elles ont toutes regagné précipitamment leur place comme des gamines prises en faute tandis que je m’efforçais de remonter maladroitement mon pantalon en toute hâte…
- Attends !… Attends !…
Elle m’a prise par le bras, fait pivoter… Et elle a vu… Elle a vu parce que ça avait un peu débordé en-dessous de la culotte…
- Oh, mais c’est que tu t’en es pris une !… Et une bonne !… Qui c’est qui t’a fait ça ?… Hein ?!… Eh bien réponds !…
- C’est moi, Madame !…
- Clarisse… Vraiment… Et on peut savoir pourquoi ?…
- Pour qu’elle sache… Pour qu’elle se rende compte par elle-même de ce que…
- Votre rôle consistait à l’intégrer… A faire en sorte que cette jeune personne se plie de bonne grâce, en toute docilité, aux châtiments qu’elle pourrait mériter et qu’il s’avèrerait nécessaire de lui prodiguer… Vous n’aviez en aucun cas à vous arroger des prérogatives qui n’appartiennent – et qui ne doivent appartenir – qu’à moi…
- J’ai cru bien faire…
- Vous n’avez pas à croire ou à ne pas croire… Vous avez à vous en tenir strictement à ce qui vous est demandé… Et, en cas de doute, à venir m’interroger sur la conduite à tenir… Est-ce bien clair ?…
- Oui, Madame…
- Et cela le sera sans doute davantage encore d’ici quelques instants…
- Oh, Madame, s’il vous plaît…
- Oui ?…
- Non… Rien… Pardonnez-moi…
- A la bonne heure… Et maintenant vous savez ce qui vous reste à faire…


Clarisse s’est dirigée sans un mot vers le petit renfoncement près de la photocopieuse… Elle a baissé pantalon et culotte… Elle s’est penchée, appuyée des deux coudes… Et elle a attendu… Madame Lambert a pris tout son temps… Elle est passée, repassée derrière elle… A pas lents… En faisant claquer ses talons…
- Vous en prenez très à votre aise, Madame Dubois… De plus en plus à votre aise… Vous en êtes certes la doyenne, mais vous n’avez, dans ce bureau, ni plus ni moins de pouvoir qu’une autre… Je suis au regret d’avoir à vous le rappeler… Ce que vous mériteriez, pour vous faire passer l’envie de vous prendre pour ce que vous n’êtes pas, c’est que je demande à votre jeune collègue de vous rendre la monnaie de votre pièce… Mais sans doute ne s’acquitterait-elle pas de cette tâche avec toute la conviction voulue : elle est encore trop tendre et d’arrivée trop récente parmi nous… Son tour viendra… N’en doutez pas… C’est donc moi qui, cette fois encore, officierai… Tâchez d’éviter de vous donner en spectacle comme vous en avez la si fâcheuse habitude… D’autant que cela ne vous serait absolument d’aucune utilité… Au contraire… Je ne m’en montrerais que plus déterminée à faire preuve à votre égard de la plus extrême sévérité…

lundi 25 avril 2011

Belle-soeur, beau-frère ( 16 )



- Il a de bonnes raisons pour ça, non ?… T’en connais beaucoup, toi, des femmes qui, dans la situation où je suis et à mon âge, tromperaient pas un mari comme lui ?… Et encore !… Qu’il vienne pas se plaindre… Dix fois plus cocu qu’il l’est je serais en droit de le faire si je voulais… C’est peut-être bien ce qui va se passer d’ailleurs… Oui… Sûrement… Qu’il s’inquiète !… Qu’il se ronge les sangs… Ca lui fera pas de mal… Parce que… ce que je ressens… De quoi je peux bien avoir envie… Mes désirs… Mes espoirs… Mes projets… Il en a strictement rien à battre… Il m’aime à ce qu’il paraît… Tu parles !… Il sait seulement pas ce que c’est… Il y a qu’eux qui comptent dans cette famille… Eux et uniquement eux… C’est à celui qui sera plus égoïste que le voisin… Non, mais attends !… Ca te nie d’une force un truc pareil… La « petite dinde » on a décidé qu’elle irait là… Elle va là et elle la ferme… C’est un meuble… On objet qu’on déplace comme on veut… S’ils savaient !… Non, mais qu’est-ce qu’ils se figurent ?!… Qu’on en passe systématiquement par où ils veulent, toi et moi… Oui, évidemment que c’est ce qu’ils s’imaginent !… Ca leur vient seulement pas à l’idée qu’il puisse en aller autrement… Va-t-on contre la volonté d’un Dorlandier ?… C’est inimaginable… Inconcevable… Mais en réalité qui c’est qui tire les ficelles depuis le début ?… C’est nous… On n’en fait qu’à notre tête… On mène notre petite vie à notre façon et on leur laisse croire ce qu’ils ont envie de croire… Ce qu’il les arrange de croire… Ca t’a un petit côté savoureux… Délectable si t’y réfléchis bien… Non ?… Tu trouves pas ?… Alors oui, elle va aller bien sagement là où on veut qu’elle aille la « petite dinde »… Oui… Mais elle va leur en rajouter une couche… Elle sait pas encore comment, mais elle trouvera… T’inquiète pas qu’elle va trouver…

- On vous attendait pour vous dire au revoir…
- Vous partez ?…
- Oui… Faut absolument qu’on soit à Bruxelles ce soir…
- On garde le contact, hein ?… Et dès qu’on a l’occasion…
- Oui… Bien sûr… On se fait signe… Mais dans l’immédiat n’y comptez pas trop… On a une foule de choses à régler en rentrant… Pendant un bon moment on va pas savoir où donner de la tête…
- C’est pas grave… Quand vous pourrez… Ou quand vous voudrez…

Ils ont agité la main par la portière, disparu derrière le rideau de peupliers…
- On les reverra pas…
- Je crois pas, non…
- Il y a quelque chose qui leur a pas plu…
- Pas forcément… Il leur fallait un déclic… Ils l’ont eu… Ils ont plus besoin de nous…
- Tout le monde se sert de tout le monde finalement…
- C’est un peu ça, oui…
- C’est moche… Heureusement que je t’ai, toi, parce que sinon…

Dans la chambre elle est venue habiter mes bras…
- Non… Bouge pas… Fais rien… Reste comme ça… On est bien… Je suis bien… Enfin non !… Pas tant que ça finalement… J’ai envie de pleurer… Comment ça m’a vexée ce truc de l’appartement, tu peux pas savoir !…
- Faut pas y attacher trop d’importance… Qu’on soit ici ou là c’est pas vraiment l’essentiel au fond, tu sais…
- C’est pas la question… La question, c’est qu’on s’est même pas préoccupé de savoir ce que j’en pensais… Qu’on s’en fout… Royalement… Que j’ai pas à en penser quoi que ce soit… Et que des années en arrière ça me ramène… A quand j’étais gamine… Tout ce qu’on voulait on me faisait faire… Absolument tout… Il y avait même pas besoin d’exiger… Suffisait de demander… Je protestais jamais… Je me rebellais jamais… Tu crois qu’on m’en savait gré ?… Penses-tu !… « - Elle a aucune personnalité… Elle a pas de caractère… »… C’est tout ce qu’on trouvait à dire… Ca fait mal… Tu peux pas savoir comment ça fait mal… Et comment ça t’en fait faire des conneries… Pour te prouver à toi, même si personne le sait, même si personne veut le reconnaître, que tu en as de la personnalité justement… Plus que n’importe qui… Seulement tu te prouves jamais rien en réalité… Et t’as pas d’autre solution que de mettre la barre plus haut… Toujours plus haut… Et de te faire courir des risques… Toujours plus de risques… Pour rien… J’ai fini par en sortir… Il était temps… Avant que ça tourne mal… Très très mal… Avant que je fasse vraiment du grand n’importe quoi… J’ai fini par en sortir… En fichant le camp… Loin d’eux… Le plus loin d’eux possible… Et pour faire quoi au final ?… Pour me retrouver exactement dans la même situation… Avec des gens qui me traitent exactement comme eux… Comme si j’existais pas… Comme si je comptais pas… Comme si j’avais tellement peu de personnalité qu’il fallait décider de tout à ma place… A croire que je suis condamnée à me retrouver toujours, quoi que je fasse, dans la même situation… Bien sûr que je pourrais partir… Divorcer… Tu crois que j’y ai pas pensé ?… Ca m’avancerait à quoi ?… Déjà ça compliquerait singulièrement les choses pour nous deux… On pourrait plus se voir aussi facilement qu’on fait là… Et ça j’en ai besoin… De plus en plus… Parce qu’à tes yeux à toi j’existe… J’existe vraiment… Et puis il y a quelque chose au fond de moi qui sait pertinemment que ce serait de toute façon un coup d’épée dans l’eau… Que j’échapperais à ceux-là pour les retrouver ailleurs… Exactement les mêmes… Ca n’a pas de sens… Ca n’a aucun sens… C’est pas comme ça du tout qu’il faut aborder le problème… Il faut les affronter en face… Sur mon terrain à moi… Celui que j’aurai choisi… Tu m’aideras ?…

jeudi 21 avril 2011

Escobarines: Au bureau ( 3 )



Lundi 25 Septembre

- Je comprends pas…
A peine assise dans la voiture auprès d’elle…
- Tu comprends pas quoi ?…
- Ce que vous y trouvez à ce truc…
- Ca s’explique pas… Ca se sent…
- Oui… Mais quand même…
- Toi, t’as voulu essayer… Non ?… T’as pas essayé ?…
- Si… Oui…
- Toute seule ?… C’est pas ce que t’as fait de mieux… Parce que ça n’a rien à voir… Faut que ce soit quelqu’un qui te la donne… Et qu’il y ait une raison…
Je n’ai pas pris rendez-vous avec la chef finalement… Il y a rien qui presse… J’ai tout mon temps… Faut que je réfléchisse…



Mercredi 27 Septembre

Fabrizia m’a rejointe à la machine à café…
- Je voulais te dire… Pour ma crémaillère… J’ai décidé de reporter… Un jour que tu seras libre… On a toutes trop envie que tu sois là…
- Oh, mais non !… Faut rien changer pour moi…
- Si !… Ca nous fait plaisir…
Elle s’est débarrassée de son gobelet…
- On te déstabilise, hein ?!…
- Ben…
- Ce qu’il faut que tu te dises, c’est qu’on a choisi… C’est que c’est ce qu’on voulait… Ce qu’on veut… Pas tellement la fessée elle-même… C’est juste une traduction la fessée… Une façon de nous faire sentir… Non… Ce qui compte pour nous, c’est l’autorité… Le plaisir – le bonheur – de s’y abandonner… Complètement… Totalement… D’avoir décidé de s’y abandonner… En toute connaissance de cause… Tu comprends ?…
- Un peu mieux… Mais quand même…
- Ce n’est évidemment possible qu’avec une femme… Avec un homme ça prendrait un sens forcément différent…



Vendredi 29 Septembre 2009

Madame Lambert m’a convoquée, en début d’après-midi, dans son bureau…
- Qu’on fasse un peu le point toutes les deux… Parce que j’avoue que j’ai beaucoup hésité à vous embaucher… Enormément… J’avais là un groupe qui fonctionnait bien… A ma main… Qui me donnait entière satisfaction… Y introduire un élément extérieur, fort jeune de surcroît, très vraisemblablement moins souple et moins malléable, c’était courir un gros risque… Mais vous faites preuve – je dois le reconnaître – d’infiniment de bonne volonté… Je n’ai qu’à me louer de votre travail… De votre ponctualité… Du soin que vous apportez à tout ce que vous entreprenez… Reste maintenant à vous intégrer plus complètement à l’équipe… D’après vos collègues c’est en bonne voie… Même si subsistent encore quelques réticences – vous savez parfaitement de quoi je veux parler – qui disparaîtront – j’en suis convaincue – avec le temps…
J’ai rougi… Voulu balbutier quelque chose… Elle ne m’en a pas laissé le temps… Elle s’est levée, m’a raccompagnée jusqu’à la porte…
- Vous allez vous y employer de votre mieux… Je compte sur vous…
J’ai fait signe que oui…
- Oui… Oui, Madame…



- Qu’est-ce qu’il y a ?… T’as l’air toute songeuse… Préoccupée…
- Non, mais…
- C’est Madame Lambert, hein ?!… Depuis que t’es sortie de son bureau tout à l’heure t’es comme ça…
- Je réfléchis…
- Elle t’a dit quelque chose de particulier ?…
- Non… Non… Mais ce que je me demande c’est comment elle fait… Parce que tu peux rien lui refuser… Elle te fait dire tout ce qu’elle veut…
- Et faire tout ce qu’elle veut… Je suis bien placée pour le savoir… Ca sert à rien de lutter… On en passe toujours par où elle a décidé… Et, tu verras, c’est incompréhensible, mais on en éprouve de la gratitude à son égard… Infiniment de gratitude… De reconnaissance…
- Mais non, je verrai pas… Non… Parce que… Mais dis ?!… Qu’est-ce que ça fait ?… Qu’est-ce qu’on sent ?…
- Comment veux-tu que je t’explique une chose pareille ?… Ca s’explique pas… Ca se sent… Et tant que tu n’auras pas essayé…
- Tu voudrais pas, toi ?…
- Oh, si !… D’autant plus que tu l’as amplement méritée… En avoir envie comme ça !… C’est honteux… Proprement scandaleux…
- Oui, mais alors si je te dis d’arrêter tu arrêtes, hein ?!… Aussitôt… Tu me promets ?…
- Ben évidemment !…
- Et on va chez toi… J’habite pas seule…

lundi 18 avril 2011

Belle-soeur, beau-frère ( 15 )


- Là… C’est tout… C’est fini… Tu seras sage à l’avenir ?… Tu ne feras plus ton écervelée ?… Jamais ?… Promis ?…
Elle a fait signe que oui… Oui…
- C’est bien… C’est très bien… Tu peux te rhabiller, ma chérie… En attendant il y en a une autre…
Sur un ton d’extrême courroux d’un seul coup…
Et en regardant Dorothée… Philibert m’a fixé, ahuri, sans comprendre…
- Qu’est-ce qu’il y a eu ?…
- Et il demande ce qu’il y a eu !… Vous n’avez rien remarqué ?…
- Non… Non…
- Evidemment vous pouviez pas… Vous étiez beaucoup trop occupé… Mais vous auriez gardé un œil sur votre femme vous vous seriez rendu compte qu’elle jubilait… Elle jubilait littéralement de voir fesser Zélia…
Elle, elle baissait la tête d’un petit air coupable…
- Et elle se moquait d’elle… Ouvertement… Reconnaissez avec moi que c’est pas joli-joli comme comportement… Et je peux vous dire que ce serait de moi je laisserais sûrement pas passer une chose pareille sans réagir…


- Eh ben dis donc !… Il en a fallu du temps pour le décider…
- Oui, mais une fois que ça a été fait…
- Ca !… On peut pas dire qu’elle ait boudé son plaisir… Ni lui le sien…
- Ni toi le tien…
- Faut reconnaître qu’elle a une façon de se trémousser quand ça tombe… A faire damner un saint…
- Tiens, écoute-les !… Ca repart… Et pas qu’un peu !… Ils vont réveiller tout l’hôtel…
- Chacun son tour…
- Je sens qu’on va bien s’entendre tous les quatre…
- Ce qui veut dire – si je sais lire entre les lignes – que tu espères bien pouvoir lui en coller une sans tarder, non, c’est pas ça ?…
- C’est toi qui en mériterais une pour me prêter des intentions pareilles !… Je me demande si tu vas pas l’avoir d’ailleurs… Il y a pas de raison de leur laisser le monopole à côté…


Ils ont traversé la salle du petit déjeuner au bras l’un de l’autre… Lentement… Rayonnants… Indifférents aux regards qui pesaient lourdement sur eux… Regards narquois ou complices… Réprobateurs ou envieux… Toutes les conversations se sont suspendues…
- On vous demandera pas si vous avez bien dormi…
- Nous non plus…
Dorothée s’est penchée sur Zélia, lui a murmuré quelque chose à l’oreille… Elles ont éclaté de rire…
- Attention !… Attention !… Si vous recommencez nous aussi…
- Chic alors !…


- Ah, enfin !… Mais qu’est-ce qui se passe ?… Vos deux portables éteints… Pas de signe de vie… On est morts d’inquiétude, nous… Qu’est-ce que vous fabriquez ?…
- Elle, je sais pas… Mais moi…
- Comment ça elle tu sais pas ?… Tu la surveilles au moins ?… Tu la laisses pas faire n’importe quoi ?…
- Mais oui !… Mais non !…
- Parce qu’on a déjà assez de soucis comme ça… Alors si en plus… Bon, mais tu crois pas que t’aurais quand même pu prendre des nouvelles de Philippe ?… C’était un minimum, non, tu crois pas ?… Seulement tout te passe à cent mille lieues au-dessus de la tête… Comme d’habitude… Il y a que ta petite personne qui compte… Et ton bouquin… Dont personne verra jamais la couleur d’ailleurs… Et moi, pendant ce temps-là, je suis bonne pour tout gérer… Me battre sur tous les fronts… Est-ce que tu t’es seulement préoccupé des travaux à la maison ?… Est-ce que tu sais où ça en est ?… Non… Je suis sûre que non… Hein ?… Eh bien réponds !…
- J’avoue que…
- Que t’es même pas allé voir… C’est quand même fort de café, reconnais !… T’es sur place… Je suis à des centaines de kilomètres de là… Et c’est quand même moi qui suis obligée de superviser les travaux…
- J’y passerai dans la semaine…
- C’est plus la peine… Ils sont finis les travaux… Tu peux retourner te réinstaller quand tu veux… Vous réinstaller… Parce qu’il est hors de question de la laisser toute seule rue Claude Debussy l’autre…
- C’est quand même chez elle… Et elle a peut-être le droit de donner aussi son avis, non ?…
- C’est d’abord et avant tout chez Paul… Quant à son avis… Tu m’excuseras, mais c’est sûrement pas une gamine d’à peine vingt-cinq ans qui va nous dicter sa loi… Elle fera ce qu’on lui dira de faire… Un point, c’est tout… Et je n’ai pas du tout l’intention de la laisser continuer à nous pourrir la vie comme elle le fait maintenant depuis des mois et des mois… Parce que tu l’entends pas Paul… Tu le vois pas… Il s’en rend malade de pas savoir ce qu’elle fabrique quand il a le dos tourné…

jeudi 14 avril 2011

Escobarines: Au bureau ( 2 )



Jeudi 14 Septembre

- Je peux te demander quelque chose ?…
- Vas-y !… Je vois bien que ça te démange…
- Emilie hier…
- S’est pris une fessée, oui…
- Mais elle avait pas le droit la chef !…
- Elle l’avait… C’est nous qui lui avons donné…
- Vous ?… Vous toutes ?… Toutes les quatre ?… Ca veut dire qu’à toutes les quatre elle peut vous mettre des fessées si elle veut ?…
- Si elle veut… Et quand elle veut…
- Non, mais vous êtes vraiment pas bien, hein !…
- Je sais que, de l’extérieur, c’est difficile à comprendre…
- Impossible, oui !… Non, mais comment on peut se prêter à des trucs pareils ?… Vous êtes folles… Vous êtes complètement folles… En tout cas, moi, qu’elle m’approche pas !… Qu’elle lève pas la main sur moi !… Parce que là !… Alors là !…
- Il est hors de question que qui que ce soit t’y oblige…
- Encore heureux !…
- Elles vont te regretter les filles… Toutes… Elles t’avaient à la bonne…
- Je vois pas ce que ça change… On va quand même pas me virer parce que je veux pas me laisser mettre des fessées !…
- On va pas te virer, non !… Peu à peu tu vas te sentir de trop… En décalage… Et demander, de toi-même, à changer de service…


Mardi 19 Septembre

C’est vrai… Elle a raison… Ca commence déjà… J’ai beau lutter contre : je me surprends à me sentir à part… Exclue… Rejetée… Elles se comportent pourtant avec moi exactement comme d’habitude… Je ne peux pas m’empêcher de m’imaginer que c’est à contre-coeur… Que ça leur demande de gros efforts… Je crois discerner chez elles toutes sortes de réticences à mon égard… Je leur prête quantité d’arrière-pensées… Quand, tout-à-l’heure, Fabrizia m’a invitée à venir pendre la crémaillère chez elle, samedi prochain, j’ai refusé… Le plus diplomatiquement que j’ai pu, mais j’ai refusé… Dans la voiture, au retour, Clarisse a voulu savoir pourquoi…
- Parce que… j’avais l’impression… il m’a semblé…
- Que ?…
- Qu’elle le faisait uniquement par politesse… Qu’elle ne souhaitait pas vraiment que je sois avec vous…
Elle a hoché la tête… Souri…
- Et dans huit jours – même pas – tu seras persuadée que je te trimballe comme ça, matin et soir, sans la moindre envie de le faire… Par devoir ou je ne sais trop quoi…


Jeudi 21 Septembre

Ce qu’elles peuvent être soudées et complices toutes les quatre !… Un simple coup d’oeil… Un sourire… Et elles se sont comprises… Et il y a quelque chose qui passe… De subtil… D’insaisissable… J’en ai des dizaines et des dizaines d’exemples tous les jours sous les yeux… Comment ne pas avoir envie de partager ça avec elles ?… De se sentir bien au chaud ensemble… A l’abri… Oui, mais…


Samedi 23 Septembre

J’ai voulu essayer… Tout à l’heure… Pour voir… Ce que ça fait… Ce qu’on sent… J’ai mis des coussins sur le lit… Je me suis agenouillée… J’ai levé la main… Deux trois petites tapes… Je me suis sentie ridicule… Parfaitement ridicule… Non… Je sais ce que je vais faire… Ce qu’il faut que je fasse… Parce que sinon je vais me prendre la tête avec ça pendant des semaines et des semaines… Je me connais… Et pas question… Alors lundi à la première heure je vais la voir la chef… Et je demande à changer de service… Pour convenances personnelles… Pas besoin d’entrer dans les détails… Dans des tas d’explications… Elles pourront se faire tambouriner le cul tant qu’elles voudront… Ce sera plus mon problème…


Dimanche 24 Septembre

J’ai refait une tentative… Le lit… Les coussins… En m’imaginant, cette fois, que c’était la chef… Dans son bureau… Qui me grondait… Qui finissait par m’en coller une… Et… j’ai été prise d’une interminable crise de fou rire… Alors oui… Lundi… La chef

lundi 11 avril 2011

Belle-soeur, beau-frère ( 14 )





- S’ils s’imaginent que j’aurais rien de plus pressé que de me précipiter là-bas !… Non, mais ils rêvent… Qu’ils y restent !… Entre eux… Tous les deux… Tant qu’ils veulent… Ils sont quand même trop dans leur genre, avoue !… Paul, c’est exactement la même chose : il m’appelle tous les tournants de lune et il est pas foutu de me parler d’autre chose que de leurs petites affaires qui marchent à merveille… Ce que moi je vis, ce que moi je fais il s’en tamponne complètement… Du moment que je le trompe pas, le reste… Tu vas pas me dire que c’est normal qu’après à peine un an de mariage un type il se préoccupe aussi peu de sa femme… En fait tu sais ce que je crois ?… C’est qu’il m’a épousée, moi, mais que ça aurait pu tomber sur n’importe qui… Il lui en fallait une… On sait pas trop pourquoi d’ailleurs… Pour le statut d’homme marié ?… Parce qu’il trouvait ça beaucoup plus gratifiant que de rester un éternel fils à maman ?… Que ça lui donnait l’illusion de couper le cordon ?… Pour que je lui fasse un gamin ?… Qu’on perpétue ensemble l’auguste lignée des Dorlandier ?… Encore faudrait-il qu’il en soit plus un lui-même de gamin !… Et qu’il réussisse à bander un minimum… Au moins une fois de temps en temps… Bon, mais allez !… On descend ?… Je leur ai dit qu’on mangerait avec eux… Ca te dérange pas ?…
- Eux ?… Qui ça, eux ?…
- Ben, Dorothée et Philibert, tiens !… Qui tu veux d’autre ?…

Elles se sont penchées l’une vers l’autre par dessus la table, se sont chuchoté quelque chose à l’oreille. Ont éclaté de rire…
- Qu’est-ce qu’il y a de si drôle ?…
- Rien… Non, rien…
Elles ont repris leur sérieux. Et leur repas. Et lui le cours de son exposé sur la variabilité des indices boursiers…
- T’es chiant, mon pauvre Philibert… Tu peux pas décrocher cinq minutes ?…
Il a semblé ne pas entendre, a imperturbablement poursuivi…
- Prends par exemple les obligations américaines…
Alors elles l’ont singé. Toutes les deux. Ses mimiques. Ses expressions. Ses gestes de la main. En grands fous rires…
- Ca suffit, Zélia !… Ca suffit !…
Elles ne se sont pas interrompues…
- Méfie-toi bien !… Tu sais ce qui t’est arrivé hier soir ?… Ca pourrait bien recommencer… Et sans tarder…
- J’m’en fous !…
Et elle m’a tiré un bout de langue tout rose…
- File !… Monte immédiatement dans ta chambre !… Et je le répéterai pas deux fois…
Elle s’est aussitôt levée, engouffrée sans un mot dans l’escalier…

- Vous allez vraiment lui faire ?…
- Evidemment que je vais lui faire !… Elle l’a cherché, non ?…
- Oui, mais moi aussi, si on va par là, j’ai mérité… Autant qu’elle…
- S’il ne tenait qu’à moi… Mais ce n’est pas à moi de juger de ce que vous méritez ou pas…
Il n’a pas réagi, absorbé dans la contemplation attentive de quelque chose au loin. Elle, elle a imperceptiblement haussé les épaules…

- On y va ?…
- Tu es sûre ?… Tu es sûre de pas le regretter ?…
- Oui… De toute façon je lui ai promis à Dorothée ce matin…
- Eh bien alors, allez !…

- Entrez !…
Ils étaient assis tous les deux, côte à côte, sur le bord de leur lit…
- Désolés de vous déranger, mais Zélia tenait absolument à venir présenter ses excuses à Philibert pour la façon inadmissible dont elle s’est comportée tout à l’heure…
- Pardon… Je suis navrée… Je sais pas ce qui m’a pris… Cela ne se reproduira plus… Je vous promets…
- Tu n’en es pas quitte pour autant… Parce que tu sais ce qu’on avait dit après l’épisode de Mont-de-Marsan… Que si tu recommençais tu n’y couperais pas… Et que je n’hésiterais pas à sévir devant la personne même à qui tu aurais manqué de respect… On l’avait dit ou pas ?…
- Oui… Si… On l’avait dit…
- Bien… Alors tu sais ce qui t’attend…
J’ai tiré la chaise, me suis installé, l’ai fait pivoter face à eux…
- Allez…
La jupe elle se l’est laissé dégrafer sans opposer la moindre résistance. Mais la petite culotte de nylon blanc elle a voulu la retenir en s’agrippant, des deux mains, à l’élastique…
- N’aggrave pas ton cas !…
Elle a lâché prise. C’est tombé à ses pieds et elle s’est dissimulée, d’instinct, de ses mains ramenées devant elle en coquilles…
- Enlève-les !… Eh bien ?… Tu comprends ce qu’on te dit ?…
Elle a obéi. Philibert l’a fixée en bas. Dorothée au visage. Longtemps. Jusqu’à ce que je la fasse basculer enfin, derrière offert, en travers de mes genoux…

jeudi 7 avril 2011

Escobarines: Au bureau ( 1 )






Lundi 4 Septembre

Ca y est !… J’ai attaqué le boulot ce matin… J’avais vraiment tort d’autant appréhender. Tout s’est bien passé… Je devrais dire : tout s’est TRES bien passé… Dans le bureau où on m’a affectée il n’y a que des femmes… Quatre… Qui – c’est en tout cas l’impression qu’elles m’ont donnée – m’ont tout de suite adoptée… Qui, de temps à autre, venaient, l’une après l’autre, jeter un coup d’œil sur ce que je faisais…
- Nickel !… Tu t’en sors nickel...


Jeudi 7 Septembre

Oui, décidément l’ambiance est excellente… On a toutes déjeuné ensemble à midi… Dans un petit restaurant où elles ont leurs habitudes… On a parlé… De tout… De rien… Elles m’ont posé des questions… Sur ma vie… Sur mes goûts… Pas seulement par politesse… Ni par curiosité… Non… Par intérêt véritable… C’est, du moins, le sentiment que j’ai eu… Et puis ce que j’apprécie, entre autres, avec elles, c’est qu’elles ne sont pas « ragots » comme si souvent les filles entre elles… Pas de commérages… Pas de médisances sur les employés des autres services… Pas même sur les chefs… Qu’on ne voit pratiquement jamais d’ailleurs… Pas plus notre responsable directe que les autres… Tout juste si je l’ai entraperçue, avant-hier, entre deux portes, …
- Le jour où tu la verras…
- Oui… Eh bien ?…
J’ai eu beau insister : personne n’a voulu m’en dire davantage…


Vendredi 8 Septembre

- Tu habites où ?…
- Derrière la cité des amandiers…
- Ca me fait pas un grand détour… Je te ramène si tu veux…
C’est la plus âgée de toutes Clarisse… Et la plus sympa… On a bavardé tout le long du trajet comme des vieilles copines… Elle a beau avoir le double de mon âge on a quantité d’affinités toutes les deux… Les mêmes goûts… Les mêmes opinions… Sur plein de choses… C’est fou la complicité qu’il y a déjà entre nous… Qu’est-ce que ce sera quand on se connaîtra mieux !…
En me déposant devant ma porte elle m’a proposé de passer me prendre aussi le matin… Tous les matins… J’ai évidemment accepté…


Mardi 12 Septembre

- Emilie !… C’est vous qui m’avez pondu ce rapport ?…
- Oui, Madame !… Mais il vous le fallait absolument pour vendredi… J’ai été prise de court et…
- Vous saviez depuis fort longtemps que vous l’auriez à rédiger… Non ?… Vous ne le saviez pas ?…
- Si… Bien sûr que si, mais…
- Mais c’est à vous de savoir planifier votre travail… Je vous attends dans mon bureau…

- Et ben dis donc !… On peut pas dire qu’elle soit vraiment commode !…
Personne ne m’a répondu… Emilie s’est levée, est allée jusqu’à la porte… Est revenue… S’est rassise… Clarisse a conseillé :
- Tu devrais pas la faire attendre…
- Je sais, oui…
Mais elle est quand même restée là…
- Vas-y, va !… Ca vaudra mieux…
- Deux minutes… Juste deux minutes…
Qui en ont fait trois… Puis cinq… Elle s’est décidée d’un seul coup…

- Ce savon qu’elle va prendre !… Je voudrais pas être à sa place…
Aucun écho… Elles avaient toutes l’œil rivé à leur écran d’ordinateur…

Sonore… Régulier… Comme des… Comme des claques… Comme des claques sur un… Sur un derrière, oui !… Quand même pas !… Sûrement pas… Je rêvais, là… D’autant plus qu’elles n’entendaient rien, les autres… Qu’elles continuaient à travailler comme si de rien n’était… Oui, j’hallucinais…

Et puis plus fort… Plus rapide… Des gémissement… Des cris… En cadence… A chaque fois… Mais oui, c’était ça !… Pas de doute… C’était ça… Elles n’ont pas relevé la tête… Aucune… Pas une seule fois…

Ca s’est arrêté… Le silence… La porte… Emilie s’est rassise en grimaçant… Personne n’a rien dit…

Clarisse non plus, dans la voiture, au retour… Elle s’est consciencieusement appliquée à parler d’autre chose… Je n’ai pas insisté…

Aussitôt arrivée, je suis allée retrouver mon arbre-confidences… J’en avais besoin… Pour essayer de comprendre… D’y voir clair… Il ne m’a pas été d’un grand secours… Mais au moins il m’a apaisée… Rendu ma tranquillité d'esprit... Le sourire...

lundi 4 avril 2011

Belle-soeur, beau-frère ( 13 )





- Tu veux vraiment pas qu’on reste là ?…
- Non… Je préfère pas… Non… S’il te plaît… Je serais trop mal à l’aise maintenant… Je profiterais plus de rien…
- Qu’est-ce qu’on va faire ?… Tout de même pas rentrer tout de suite ?!…
- On trouvera bien un autre endroit quelque part… Peut-être pas aussi bien, mais pas mal quand même… Bon, mais j’en profite que ce soit désert dehors… Je file à la voiture… Tu me rejoindras là-bas…

Personne à la réception. J’ai sonné. Attendu. Un type – un jeune – est venu s’accouder à mes côtés…
- Il y a bien quelqu’un qui va finir par arriver… Suffit de pas être trop pressé… Vous l’êtes pas au moins ?…
- Sans plus…
- En tout cas merci, hein !…
- Pardon ?…
- Oui… Pour cette nuit… C’était nous dans la chambre à côté…
- Ah…
- Comme quoi le bonheur des uns fait quelquefois celui des autres…
Il est allé jusqu’à la baie vitrée, s’est longuement absorbé dans la contemplation de quelque chose à l’extérieur…
- Oui… Parce que grâce à vous j’ai enfin eu accès, pour la première fois, à son petit trou de derrière… Je commençais à désespérer… Comme quoi finalement tout vient toujours à point à qui sait attendre… Ah, ça y est !… Elles s’en vont…
- Qui ça ?
- Votre femme… Et la mienne… Ca fait dix minutes qu’elles discutaient sur le parking et là, maintenant, elles s’en vont…
- Comment ça elles s’en vont ?… Elles vont où ?…
- Alors ça !…

- Hein ?!… Mais dans sa chambre j’étais… Avec elle… Que je te raconte… Mais d’abord… T’as payé ?…
- Oui, j’ai payé, oui… Pourquoi ?…
- Parce qu’on pourrait peut-être rester quand même un peu finalement !…
- Tu sais ce que tu veux ?…
- Non, mais oui… Elle est très très sympa… Et lui aussi… Sûrement… Ca nous permettrait de faire un peu plus connaissance… Et peut-être de se revoir après… Parce que tu sais quoi ?… Que tu m’aies donné une fessée cette nuit ça l’a mise dans tous ses états…
- Ca !… On a entendu…
- Elle crève d’envie d’en avoir aussi, mais lui il lui en a jamais donné… Même qu’elle fasse un peu des allusions il réagit pas… Et elle ose pas trop insister… Parce qu’il y a pas très longtemps qu’ils sont ensemble et qu’elle se dit que peut-être il a des principes là-dessus ou qu’il a vécu des trucs qu’elle sait pas et qu’il veut pas dire… Alors avec nous à côté ça va finir par débloquer quelque chose si ça tombe… Surtout si on met le paquet… Tout en y allant sur la pointe des pieds quand même…
- C’est du grand art ce que tu demandes là…
- Mais non !… Ca devrait pas être si compliqué…
- Laquelle va y trouver le plus son compte dans l’histoire ?… Elle ou toi ?…
- Pose pas des questions idiotes comme ça !…
- En tout cas s’il persiste à ne pas vouloir en passer par où elle veut je suis tout prêt à me dévouer…
- Ben voyons !…
- En attendant je ne sais toujours pas ce que vous êtes montées faire toutes les deux là-haut dans la chambre…
- Elle voulait voir…
- Elle voulait voir quoi ?
- A ton avis ?… Mon derrière, tiens !… Qu’est-ce tu veux d’autre ?… Après la fessée que tu m’avais flanquée…
- Et alors ?…
- Et alors quoi ?… Je lui ai montré et puis voilà… Ton téléphone !…

- Allo ?!… Ah, c’est toi ?!… Ca va ?…
- Non, ça va pas, non !… Figure-toi que Philippe est à l’hôpital… Il s’est cassé la figure dans l’escalier… Trois vertèbres de touchées… Il est immobilisé pour on sait pas trop combien de temps… On avait bien besoin de ça !… Juste au moment où ça tourne plein pot et où on sait plus où donner de la tête… Ah, on est dans de beaux draps, je t’assure !…
- On peut faire quoi, nous, à notre niveau ?…
- Rien… Absolument rien… Qu’est-ce que tu veux faire ?… Non… La seule chose, c’est qu’on risque de ne pas remonter là-haut d’un moment… Débordés comme on est…
- C’est-à-dire ?…
- Je sais pas… Un mois ou deux… Peut-être plus… Difficile de prévoir… Mais lui dis pas à elle, hein !… Lui dis pas surtout !… Qu’il lui prenne pas fantaisie de débouler ici sous prétexte qu’elle trouve le temps long et que Paul lui manque… On n’a vraiment pas besoin d’elle par les pieds en ce moment… Retiens-la !… Débrouille-toi comme tu veux, mais retiens-la là-haut… Ca va au moins avec elle ?… T’arrives à la gérer ?…
- On n’a pas le moindre problème…
- Tant mieux !… Qu’au moins de ce côté-là… Oui, j’arrive !… Excuse-moi, on m’appelle…